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Les incas pour les nuls

Les Incas sont appelés ainsi parce qu’ils parlent Quechua, élèvent des alpagas, mâchent de la coca, adorent le dieu Inti, et ont permis aux Péruviens de boire de l’Inca-Kola.
Il s’agirait de ne pas confondre le peuple avec son empereur, nommé lui aussi Inca. C’est son titre, et en réalité, lui seul devrait porter ce nom. Il serait plus juste de parler de peuple Quechua, même s’ils n’ont pas créé le sac à dos ou la tente du même nom. Cependant, « Quechua-Kola », ça sonne beaucoup moins bien.

La naissance d’un peuple

Cusco, lithographie espagnole

Cusco, lithographie espagnole

Les Incas… pardon, les Quechuas… n’avaient pas de chevaux, pas d’outils en fer et n’avaient pas encore inventé la roue. En revanche, ils avaient sans doute inventé l’eau chaude, même si aujourd’hui encore, il n’y en a pas partout au Pérou. Ils n’écrivaient pas non plus de livres. C’est donc une légende qui raconte l’origine de ce peuple :
Le couple originel a été sorti des eaux du lac Titicaca par les dieux Viracocha, dieu créateur, et Inti, dieu du soleil. Ces deux premiers Incas ont lancé un bâton en or et fondé leur capitale à l’endroit où il est retombé, à Cuzco donc, « le nombril du monde » – ce qui représente un lancé d’environ 300 km, comme quoi, ils étaient prédisposés à réaliser de grandes choses.

Statue de Pachacutec

Statue de Pachacutec

Grands guerriers, de taille néanmoins modeste, ils s’imposèrent progressivement auprès des tribus voisines, dont la quinoa était plus appétissante. C’est après quelques siècles d’échauffourées, par un beau jour ensoleillé de l’an 1438, que l’empire Inca prit le pouvoir sous les ordres de l’Inca Pachacutec, 9ème de la dynastie, en anéantissant les derniers récalcitrants de la région. Cherchant à battre l’or tant qu’il était chaud, celui-ci poursuivit son expansion sur les hauts plateaux andins et jusqu’en Équateur dans le nord, ce qui fait, après calcul, un très long trek même équipé en Quechua !
La stratégie était d’une simplicité enfantine : fin diplomate, il proposait l’annexion à ses voisins, argumentant de manière très convaincante, sous la menace de ses forces armées. En cas de refus, évidemment, l’intervention militaire réglait le débat de manière radicale. Ainsi, l’expansion du territoire tout azimut prit des proportions phénoménales.

L’apogée d’un empire expansionniste

Au terme de sa campagne, du style napoléonien, Pachacutec avait conquis un vaste empire, Tahuantinsuyu comme on l’appelait, qui s’étendait dans les 4 directions depuis la capitale Cusco, le divisant tout logiquement en 4 secteurs : Chinchasuyu, Collasuyu, Contisuyu, Antisuyu (Nord, Sud, Ouest, Est).
Constitué d’une multitude de peuples querelleurs, il était maîtrisé par une présence militaire dissuasive et géré par une bureaucratie efficace – si tant est que ça puisse exister. Sans la paperasse, toutefois, ça reste plausible…

  • Une comptabilité rigoureuse était tout de même tenue, grâce aux Quipus, système de cordelettes à nœuds, indéchiffrables par le non-initié.
  • Les populations étaient délocalisées, calmant toute envie de rébellion, et remplacées par des colons, histoire d’imposer partout la culture inca : langue unique et culte du dieu Inti.
  • Le travail s’effectuait au service de la communauté, et le produit des récoltes redistribué aux populations. Comme quoi, Karl Marx n’a rien inventé…
  • Périodiquement, le gouvernement inca faisait la réquisition de la main d’œuvre afin de réaliser de grands travaux, remplaçant à son avantage toute forme d’impôt ou d’esclavage.
Cultures en terrasse

Cultures en terrasse

On doit ainsi à Pachacutec la construction d’une capitale imposante (dont le plan représenterait une forme de puma), des monuments importants comme le temple de Qoricancha ou encore la célèbre citadelle de Machu Picchu. Il fit construire un énorme réseau de routes, le Qhapac Nan ou « grand chemin » (connu aujourd’hui sous le nom de chemin de l’Inca), afin de communiquer rapidement avec ses provinces. Il développa les cultures en terrasse et ordonna des études d’agronomie afin d’optimiser la production agricole jusque dans les vallées les plus encaissées.

L’arrivée des conquistadors et le déclin de l’empire

Les Incas suivants poursuivirent l’œuvre de Pachacutec si bien que lorsque les premiers espagnols pointèrent leur nez en 1527, Huyna Capac était au pouvoir d’un empire qui s’étendait de la Colombie jusqu’à Santiago au Chili, recouvrant l’Equateur, le Pérou bien-sûr, la Bolivie et une partie du nord de l’Argentine (à l’époque, Le chemin de l’Inca représentait un réseau de 5000 km de routes pavées).
Comme tout un chacun, il mourut, par un jour funeste de la même année. Grande nouveauté cependant, il succomba à une maladie alors inconnue, venue d’Europe. Il laissa un empire en proie à une guerre civile, ses fils Huascar et Atahualpa, tout 2 prétendant au trône, se partageant le territoire.

Inca Atahualpa

Inca Atahualpa

Quand Francisco Pizarro débarqua en 1532, avec son armée de 180 hommes hirsutes et déguenillés, Huascar avait été fait prisonnier par son frère rival. Fort de son armée de plusieurs dizaines de milliers de guerriers aguerris, Atahualpa n’y vit aucune menace, les prenant même pour des dieux, le retour de Viracocha ayant été prédit. Une entrevue fut organisée entre Atahualpa et Pizarro, accompagné du prêtre Vicente Valverde. L’anecdote raconte que le prêtre tendit la bible à l’Inca en lui disant : « tiens, je vais te faire entendre la parole de Dieu » et que celui-ci la portant à son oreille lui répondit « je n’entends rien » et la jeta à terre. Ce geste déchaina la fureur des espagnols qui décimèrent l’armée Inca et firent prisonnier leur empereur. Une rançon fut exigée contre sa libération : autant d’or et d’argent que put contenir sa cellule. Le royaume fut ainsi pillé de ses richesses (qui n’en était pas pour les Incas pour qui l’or n’avait qu’une valeur décorative) et l’Inca Atahualpa fut exécuté malgré tout, à Cajamarca.

 

Inca Tupac Amaru

Inca Tupac Amaru

Décontenancés et décimés par les maladies (rougeole, variole,…) les indiens n’offrirent pas grande résistance à l’invasion espagnole qui s’ensuivit. Pizarro attisa même les rébellions et s’empara de Cuzco dans l’année. Dans la foulée, il fonda une nouvelle capitale sur la côte (Lima aujourd’hui). Un Inca fantoche et docile fut mis en place par les conquérants, l’Inca Manco Capac II. Cependant, ulcéré par les exactions espagnoles, il se décida à mener la révolte depuis la cité d’Ollantaytambo où il se réfugia. Il faillit réussir, mais épuisé, il fut contraint au repli dans la jungle.
Sa descendance tenta une ultime résistance, en vain. Le dernier Inca, Tupac Amaru fut capturé et exécuté en 1572, mettant un point final à la dynastie Inca.

Jungle speed

Pour rallier Cusco depuis Puno, il y a la route directe, et puis il y a la route indirecte. Avec nos 4 roues et notre soif de découverte, le choix a été vite vu, surtout que Pepe nous l’avait suggéré : nous allions donc quitter la terre des lamas et alpagas, pour descendre côté Amazonie et enfin tout remonter par la suite ! Pourquoi faire simple ?
Après une halte pour la nuit dans un hôtel douteux, où l’on partage la salle de bain avec les cochons, on a entamé la route par l’ascension d’un col à 4873m ! La Toyota a montré quelques signes de faiblesse, je suppose qu’elle aura compris que la fumée de gazole c’est mauvais pour le souffle.
Quand on ne peut plus monter, et bien il faut redescendre ! Plus de 4000m de descente par une route en lacets, et plongeant dans des vallées où l’on a vu évoluer une végétation de plus en plus abondante et variée. Malgré la grisaille, ça valait le détour !!
La route, parfois goudronnée, parfois réduite à une piste en terre, en cette saison pluvieuse, nous a offert quelques surprises : des éboulis de terre par-ci par-là, mais aussi de la grosse caillasse qu’ils déblaient devant nous à la pelleteuse ! signe que l’éboulement a dû se produire peu auparavant… il nous a également fallu traverser des torrents dévalant la montagne et passant par dessus la chaussée – un simple ru en saison sèche ne justifiant pas la construction d’un pont !
A plus d’une occasion, nous avons savouré les 4 grosses roues motrices montées sur de bons amortisseurs !
Nous avons fait halte dans la première ville, Mazuko – à consonance japonaise – dans les terres perdues des chercheurs d’or… ou pas loin. A en juger par la quantité d’acheteurs et de magasin de matériel, il n’y a pas grand chose d’autre à faire dans le coin.
Le lendemain, une longue montée nous attendait, pour rejoindre de nouveau les hauts plateaux, ses troupeaux d’alpagas et de bergères en tenue traditionnelle. Mais surtout, on approchait de Cusco, la capitale Inca et ses merveilles !

Ccotos et Tikonata, rien que pour ,nous

Lorsqu’on se rend au lac Titikaka pour faire du tourisme, on va en général à Puno point de départ pour les excursions aux îles flottantes des Uros, ainsi qu’aux îles (des vraies) d’Amantani et de Taquile. Il y a aussi la possibilité de visiter la Isla del Sol, mais depuis la Bolivie.

Je vous le rappelle, nous avions la chance d’être complètement autonomes grâce à notre carrosse motorisé, et nous ne nous sommes donc pas gênés pour sortir des sentiers battus! C’est ainsi que nous avons poussé sur les pistes boueuses et cabossées de la péninsule de Capachica, au nord de Puno, totalement délaissée des touristes. Arrivés tout au bout, dans le petit village de Ccotos, nous avons rencontré Alfonso et sa famille, nos hôtes. Des chambres sommaires, donnant sur une cour boueuse (et oui, c’est la saison des pluies), n’ont rien enlevé au charme de notre séjour, bercé par la chaleur de l’accueil des Quispe-Acuña (c’est le nom de la famille), et en particulier de Judith, surprenante petite fille, curieuse et rieuse.
Ccotos se situant juste en face de la petite île de Tikonata, Alfonso nous proposa de découvrir ce petit paradis. 20 minutes de barque plus tard (on aurait mis moins de temps si Alain avait ramé plus vite !), nous voici sur ce minuscule rocher désert, vert et fleuri, où trône sur le sommet un petit musée regroupant céramiques et momies de la période inca, retrouvées sur place. Alfonso et ses amis de Ccotos commencent à s’organiser et à se rassembler en association pour faire partager leur patrimoine aux voyageurs. Ils ont commencé à bâtir des chambres d’hôtes sur l’île, au sein d’un mini village version eco-tourisme… très mignon ! Malheureusement, ils n’ont pas vraiment de budget communication pour se faire connaître… Qu’à cela ne tienne ! Nous leur avons proposé de leur offrir leur site internet ! C’est donc, sur cette promesse de rester en contact pour travailler ensemble, que nous avons quitté Alfonso, Krisitna et Judith, et nous avons juré, Kim et moi, de revenir les voir très prochainement…
Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai un site à construire moi maintenant!

Les mystérieux Uros… Mais où sont-ils ???

Les tous derniers représentants des Uros, ont disparu dans les années 50. Cette communauté, avait pris le large sur les eaux du lac Titikaka au 13e siècle, afin de se préserver des invasions incas. Pour cela, ils fabriquèrent leurs propres îles artificielles, en totora, et les arrimèrent loin des côtes. Fascinant, non?
Aujourd’hui, ce sont les aymaras de Puno qui perpétuent la tradition à des fins (seulement?) touristiques. Au port, on nous invite donc à monter dans une embarcation pour se rendre dans l’archipel constitué d’une quarantaine d’îles. Une fois là-bas, on débarque sur l’une d’elles, gérée par une dizaine de familles, qui (soit-disant) vivent là. On a le droit à une petite conférence sur les techniques employées pour constituer ces immenses radeaux, et ensuite, on nous invite à acheter de l’artisanat. Voilà, voilà, pour l’authenticité, donc, on repassera… C’est vrai, en revanche, que visuellement, ça a pas mal d’allure, le contraste de la couleur du roseau sur le bleu des eaux, les petites maisons, les barques en totora etc…. Mais bon, vous l’aurez compris, nous n’avons pas été convaincus !