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Mais oui mais oui… l’école de Cusco!

Voilà un petit moment que je voulais faire un article sur l’école de Cusco. Il faut dire que ce courant de peinture est ici incontournable, dans n’importe quelle ville du pays, à partir du moment où l’on visite une église, un couvent colonial, ou même un musée d’histoire péruvienne. Et bien sûr, c’est aussi et surtout unique !

C’est sans doute le mouvement artistique le plus important de l’histoire de l’Amérique Latine coloniale. Il se développa entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
Dans sa volonté d’évangélisation de la population conquise, l’Église associa donc l’art pictural européen et le talent des peintres indiens et métisses. Ainsi la peinture de l’école cusquénienne se distingue par l’influence des courants baroques et en particulier du maniérisme de la fin de la renaissance, mélangée aux traditions artistiques de la culture indigène. A noter que les sujets choisis sont de manière générale, des scènes religieuses.
Le mieux pour illustrer tout ça, ce sont des exemples :
Maniérisme + Influence indigène = École de Cusco
  • Rupture de la proportion du corps
  • Répétition de figures
+
  • Forme triangulaire de montagne, référence à Pachamama
  • Couleurs criardes, abus de feuilles d’or
= Notre-Dame de Belén
  • Déformation et torsion des corps
  • Simplification de la perspective
+
  • Fruits exotiques et cochon d’Inde grillé au menu
= La cène

C’est donc intéressant et amusant, de scruter ces toiles à la recherche du détail caché… En général, la faune et la flore typique du continent sud-américain… Ici, dans les cieux divins, un perroquet, symbolisant la noblesse inca, voire la résistance andine, et là, un Christ en croix avec une morphologie indienne.

Évidemment, la plus éloquente étant le fameux dernier repas de Jésus, avec des mets  pittoresques sur la table !
Un thème privilégié également de l’école de Cusco, sont les anges guerriers, armés d’arquebuses ou autres, déclinés à l’infini.
Impossible de ne pas citer celui qui a donné son style à ce mouvement : Bernardo Bitti. Illustre peintre de la renaissance, en 1575, son arrivée au Pérou (où il termina ses jours d’ailleurs), marqua la première phase de développement de l’art cusquénien. Ses disciples continuèrent de perpétuer son style au cours des siècles suivants.
Beaucoup de tableaux de l’école de Cusco sont malheureusement anonymes, mais on pourra tout de même retenir les noms d’artistes natifs tels que Diego Quispe Tito, ou encore Marcos Zapata, dont une cinquantaine de toiles grand format ornent la Cathédrale de Cusco (dont la fameuse cène au cuy!).
Pinacothèque de toiles cusquéniennes à Santa Catalina, Arequipa

Pinacothèque de toiles cusquéniennes à Santa Catalina, Arequipa

Perú miscellanous

Le passage de Pauline fut un éclair qui dura 4 semaines… Il sembla durer 2 jours, et fut intense! Il faut dire qu’on en a fait des choses : Beaucoup de temps à Arequipa, certes, mais nous-même avons découvert des choses, et puis bien sûr des escapades sur les hauts plateaux du lac Titikaka, dans la vallée sacrée de Cusco, au bord du Pacifique…
Ce qui est génial avec Pauline, c’est qu’elle est enthousiaste et enthousiasmante… Jamais blasée, toujours émerveillée par ce qu’elle traverse… que ce soit des ruines précolombiennes ou un terminal de bus !!!
On sent bien cette énergie communicative dans son récit… super flatteur pour nous et le pays que nous avons choisi. Si on était quelqu’un d’autre, cet article nous donnerait envie de nous connaître et de nous rendre visite au Pérou ! Merci Pauline…

Bonne lecture.

Pao in Peru

Pao in Peru

Oulala ! Pas facile d’écrire après la prose de Kim et Mag, et surtout après ce roman-photo délirant !

Impossible de commencer ce billet sans parler de mes deux amigos quechuas préférés qui m’ont ouvert la porte de ce merveilleux continent. Sans leur look ultra hype et l’accent délicieusement frenchie de Mag, tous deux se fondraient parfaitement dans le décor.

Dragon sour et alpaca tout doux

Dragon sour et alpaca tout doux

Kim négocie comme un chef les courses des taxis (on va l’envoyer à Bruxelles résoudre la dette grecque, ça ira plus vite !)* et sélectionne comme un expert tous les fruits locaux bizarres et savoureux pour se faire confectionner un smoothie sur mesure au marché central.

Magali a un talent inégalé pour reconnaître du bout des doigts la qualité de la laine d’alpaga (vous ne serez pas surpris si je vous dis qu’en un regard, elle arrive à mettre la honte aux vendeurs indélicats qui illico baissent leurs prix de 50% !) et un GPS intégré qui lui permet de sélectionner en quelques secondes le collectivo (minibus collectif) qui nous emmènera vers de nouvelles aventures.

*Note de Kim : mouais, ils sont parfois inflexibles, les taxis… justement, je les enverrais bien se faire voir chez les Grecs par moment !

Pauline et le menu

Pauline et le menu

Avec leur curiosité naturelle et leur œil photographique (et pas qu’un !) c’est un plaisir de simplement flâner dans les rues d’Arequipa et d’ailleurs, et découvrir avec eux une église cachée, une construction insolite, un trésor quechua, un détail rigolo sur les vitrines des magasins… Et surtout ! Il y a cette histoire d’amour entre Kimag et le Pérou qui se poursuit et qui est contagieuse !

La passion de Mag pour la grande (et les petites) histoire du Pérou est communicative… même si je suis bien en peine de retenir le nom des grands Incas… et la magnificence des sites que nous avons visités ensemble prenait sens avec les anecdotes et des explications de Magali. On se sent un peu moins idiot quand elle raconte avec la fougue qu’on lui connaît les batailles avec les Conquistadors où les frasques des fistons de Atahualpa, et carrément et joyeusement débiles en posant comme des zouaves devant les monuments… La poya* !!

*Note de Mag : Il est temps d’expliquer cette « private joke » : La poya! En fait, un jour à Puno, notre amie Ana nous expliquait qu’en Espagne, il y avait une expression pour dire « c’est vraiment génial!! » c’était : « la poya!!! »… Sauf qu’en espagnol, ça signifie, « la bite »… Imaginez après plusieurs piscos sours, le fou rire que ça a provoqué chez Pauline et moi quand dans le resto, on a commencé a commenter à tue tête tout ce qui nous entourait avec l’équivalent français (« cette pizza, c’est la bite! », ou encore « Le lac Titikaka, c’est vraiment la bite! »)… Du coup, c’est resté…

Incontournable Cusqueña

Incontournable Cusqueña

A proposito ! Me gusta… quasi… todo ! Y sobre todo, me gusta hablar español ! J’avais vraiment envie de communiquer avec les Péruviens, et à raison d’une à deux heures par jour de méthode Assimil pendant plus d’un mois, et à force de souler tous mes amis (qu’il est bon d’avoir autant d’amis qui vous encouragent à force de « arrête ! c’est nul en plus tu parles italien ! »), je suis arrivée pleine d’envie de baragouiner en espagnol. Certes j’ai fait beaucoup de progrès mais c’est grâce à nos deux aventuriers que j’ai réussi à enrichir mon pauvre vocabulaire espagnol, en commettant beaucoup de bourdes* qui délectaient mes interlocuteurs (du type, Que mierdo ! au lieu de « Que miedo ! », quelle peur).

*Note de Mag : il y a aussi le : « Tendria un pollo Adidas ? » (Auriez-vous un poulet Adidas ?) Au marchand de T-shirt… car, poulet = pollo (prononcez « poyo ») et t-shirt=polo

Quand on monte haut, très haut, si haut à en avoir les jambes molles et le souffle coupé, on se demande comment les Péruviens ont bien pu avoir l’idée incongrue de s’installer dans des endroits si hostiles. Le choix des Kimag d’élire leur petit paradis sous l’indéfectible ciel bleu d’Arequipa n’est pas fortuit (on oublie un instant les centaines de taxis chauffards qui électrisent la ville, grrr). La douceur ambiante, des Péruviens comme de la ville, les couleurs éclatantes, la beauté intimidante des volcans qui veillent sur la vallée méritent bien plus qu’une simple halte, et passés les lieux touristiques incontournables, les journées sont belles à papoter avec des Péruviens, s’arrêter sur un joli jardin ou siroter une Cusqueña (LA bière nationale !) dans un paisible cloître… Bref il y règne une vraie douceur de vivre et quand le bureau des deux Geeks est baigné d’une belle lumière dès 7h du matin* on comprend qu’ils aient choisi cette nonchalance à la trépidation parisienne.

*Note de Kim : ne nous méprenons pas ! nous ne sommes pas acharnés au point de nous mettre à bosser à cette heure très matinale

Mag VS piment farci

Mag VS piment farci

Enfin, enfin… Je vous décris les Kimag comme de grands esthètes, mais ils sont surtout de parfaits gloutons. Kim et Mag mangent comme des ogres, et bien !

Ils savent dénicher le bon stand de ceviche au marché central pour se régaler de poisson cru mariné, trouver un comedor (cantine locale) et les meilleures tables trois étoiles dans le coin. Nos adieux ont été l’occasion d’une orgie de barbecue argentin, arrosée… forcément… de bon vin sud-américain, histoire de conclure une belle série de grandes tables par une belle indigestion 😉

Les Kimag n’ont pas froid aux yeux quand il s’agit de plaisirs culinaires ! Kim savoure le Dragon Sour (un cocktail de Pisco au piment !) et Mag teste les rocotos rellenos (gros piments « doux » farcis) jusqu’à en avoir la bouche en feu mais jusqu’au bout. J’aurais pu écrire un billet sur les patates et le maïs (humm pas très sexy je sais…) car les centaines de variétés sont impressionnantes, toutes plus belles et plus bizarres les unes que les autres, servies sous toutes les formes et les cuissons. Le maïs se trouve dans la boisson nationale, la chicha morada (boisson sucrée à base de maïs violet fermenté) mais aussi dans le grignotage apéro, la soupe et les accompagnements. Idem pour la patate mais attention ! avec autant de variétés chacune a sa spécialité, et je n’ai même pas goûté les patates gelées/pourries/séchées qui peuvent être consommées pendant… 20 ans !

Certes, on finit un peu par se lasser du riz/maïs/patates et quinoa qui revient invariablement dans nos assiettes, mais il existe une saveur vraiment nouvelle dont je me suis délectée : le huacatay ! Conjuguée au piment dans la salsa verde, cette herbe péruvienne est délicieuse, plus subtile que la coriandre ou le basilic, et quand vous l’aurez goûtée, vous comprendrez que je m’en sois rendue malade après en avoir redemandé trois fois et brûlé toute ma plomberie !

Dans le désordre, j’adore aussi

Gâteux qui n'existent pas

Gâteux qui n’existent pas

Les types payés à appuyer sur le bouton pour vous, au péage de l’aéroport ou autre (serait-ce que les Péruviens ont de petits bras… même pas !). Pas facile quand on doit remplir une fiche de renseignements (à la case « profession » : Je hoche de la tête/j’agite un bâton mais personne ne me voit/ Je dis « par-là » alors qu’il n’y a un accès etc)

La vie secrète des chiens péruviens : gros bergers, petits caniches, bâtards de tous poils, ils ont en commun d’être doux et calmes, et on en voit souvent qui trottinent dans les rues comme pour aller à un mystérieux rendez-vous. D’ailleurs on croise parfois sur les trottoirs de petits groupes canins qu’on imagine en réunion. Immanquablement ça me fait penser à El Colloquio de los perros, la nouvelle de Cervantès, et je les imagine en train d’échanger des anecdotes rigolotes sur la vie locale, et se refiler des tuyaux sur les meilleurs plans du coin.

Le vrac : on peut demander à remplir un sachet de chips, de maïs grillés, des popcorns, plein de choses ! On peut acheter beaucoup de choses à l’unité (même les chewing-gums), pourvu qu’on ait une pièce en poche, et comme je ne suis pas locale, j’adore les vendeurs ambulants qui hurlent « Ounnnnn sôôôôl ! » à longueur de journée.

Le goût qu’ont les Péruviens pour les célébrations : on fête un peu tout et n’importe quoi, et c’est l’occasion de couleurs et de fanfreluches délicieusement kitch que je trouve réjouissantes. Les drapeaux péruviens et quechuas (Super ! Une gay pride !) flottaient partout quinze jours avant la fête nationale, et on peut également commander d’énormes gâteaux d’anniversaires avec Dora l’exploratrice ou la Guerre des Étoiles. Miam !

Tag à Arequipa

Tag à Arequipa

Les amoureux péruviens : avant le mariage, on dirait des passagers clandestins, et si on les approche pour leur proposer de les prendre en photos, ils déclinent timidement l’offre. Dans une rue d’Arequipa, j’ai adoré l’énorme graffiti qui résonnait comme un cri du coeur « Te amo Maricita casate conmigo… Juan » (Je t’aime Maria chérie épouse-moi !). Jolie transgression…

Le calcul mental n’est pas un sport national ! C’est rigolo de négocier sur les marchés. Si le T-shirt coûte 15 soles, et si j’en prends deux, vous me les faites à combien ? Froncement de sourcils, et proposition parfois absurde : « euhhh, 35 soles ? » C’est touchant de voir parfois l’air ahuri des gens lorsqu’on passe une commande un peu compliquée, on a l’impression que c’est leur premier jour de boulot alors qu’ils font ça depuis une éternité.

Et aussi écouter des classiques de la musique pop, Beatles etc, joués à la zampoña (flûte de Pan) à 4000 m d’altitude, est-ce le masticage de feuilles de coca ou le ridicule de ces airs joués à la sauce péruvienne, mais j’en ai eu des crampes à l’estomac à en rire avec mon guide Jesùs !

Sevi, Ana, Pao, Kim et le PQ

Sevi, Ana, Pao, Kim et le PQ

Petite anecdote : Viva PQ ! (nan nan, je ne parle pas de Pachacutec 😉

Le décor : 5 occupants de la maison… 2 WC : 1 ½ rouleau de papier hygiénique… samedi soir

Forcément, il faut définir les priorités, donc avec Kim et Mag, Sevi et Ana (espagnols), nous sommes tous tranquillement allés retrouver Eve et Mauro (franco-italiens) pour un apéro péruvien décliné en 4 langues… et quelques Piscos Sours – et un bon dîner dans le restaurant mexicain favori des Kimag.

Quelques heures plus tard… une autre priorité s’impose : trouver du PQ dans la ville endormie. Nous tombons sur une petite épicerie qui ferme boutique, la grille est fermée mais Mag s’aventure à implorer une paire de rouleaux. Je fouille mes poches et je surenchéris : « Et deux autres ! » Le tenancier de l’épicerie nous regarde d’un œil incrédule, puis sa femme, et s’ensuit un joyeux brouhaha, chacun tendant une pièce à travers la grille pour obtenir les précieux rouleaux, tandis qu’en même temps un fou-rire nous gagne en imaginant ce que devait penser le couple face à ces Européens qui s’enflamment pour un peu de papier toilette. A voir notre joie (humm notre ivresse ?!), ils ont probablement cru qu’on allait faire une orgie avec le PQ, et c’est tordus de rire que nous sommes rentrés à la maison.

Merci à tous les protagonistes !

Pao joue de la flûte à Juan

Pao joue de la flûte à Juan

PS : Et tous ceux dont je n’ai pas eu le temps de parler, le petit Juan (et son papa) avec qui j’ai réussi à avoir de grandes conversations chamaniques et de bonnes rigolades à Cuzco, Pepe et son frère Julio* qui nous font sentir comme à la maison, Adolfo et son fils Luis, idem à Cuzco, qui jouent du charme péruvien comme personne, mes deux compagnons équidés Chica et Bayo, et nos ami(e)s franco-péruviennes, Monique, Nicole, Natasha, Patricia, Anaïs, Diego etc, qui comme Kim et Mag personnifient le bel amour qui unit la France et le Perou… Viva Perù !!

*Note de Mag : C’est d’ailleurs à Julio que Pauline doit son surnom de Pao

Les cônes à Sillustani

Pendant la visite de Pauline, entre deux missions « cucarachitas » pour contrer l’invasion extraterrastriste (pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle, je leur conseille vivement d’aller voir là), nous nous sommes tout de même cultivées en visitant des vestiges historiques, faut pas croire!

Dans la région du lac Titikaka, à une trentaine de kilomètres de Puno, un sublime site funéraire domine le petit lac Umayo. Il s’agit du site de Sillustani.
Le complexe comprend des tombes, aussi appelées « Chullpas », datant de plusieurs civilisations s’étant succédées dans la région : les tiwanakus, les collas et enfin les incas. Ces tombes sont en fait des tours funéraires, ayant la forme de cônes inversés dont la plus grande mesure 12 mètres de haut. De l’extérieur, on admire les blocs parfaitement polis et ajustés. A l’intérieur de ces énormes cylindres, une autre structure de pierres protégeant les dépouilles en position foetale de familles nobles.
Comme ces ruines se trouvent sur une presqu’île, on profite d’une vue splendide à quasiment 360°sur le lac, avec une luminosité fantastique l’après-midi… Le problème bien sûr, c’est que c’est l’horaire que choisissent les groupes de touristes pour visiter les lieux… C’était donc un peu blindé! On a quand-même eu la chance de tomber sur un super guide (prénommé Tito-Castro, ça ne s’invente pas!), attirant notre attention sur plein de petits détails, comme par exemple, les bovins broutant les pattes dans l’eau sur les berges du lac, appelés par les locaux les « vaches flottantes »!
Quelle poésie.