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Le Pérou, des animaux et des hommes

La voici, la voilà : la ch’tite vidéo concluant le road trip péruvien en la délicieuse compagnie d’Elvi, Alain et Françoise (on ne voit malheureusement pas trop cette dernière dans le montage… Tu es trop discrète Françoise!).
Le mois passé ensemble était formidable… mais bien sûr trop court. Il m’a paru une semaine (« les jours passent comme des voitures »). Pour nous, enfin l’occasion de découvrir (redécouvrir pour moi) la vallée sacrée, Cuzco, le Machu Picchu… on les avait attendu pour visiter les « hits » de notre nouvelle patrie, et en profiter avec eux, entre deux fous rires, c’était super! Et oui, on a beaucoup ri et j’espère que cette vidéo reflète la bonne humeur ambiante !
Pour la musique, mon choix s’est porté vers une jeune chanteuse péruvienne : Damaris, qui a la particularité d’inclure des refrains en langue quechua! Son travail est la fusion entre la musique traditionnelle des Andes et la pop moderne. Le titre de la chanson « Tusuy Kusun » signifie « dansons ». Enjoy!

Cañon del Colca, fin du road-trip

Pour ne pas changer de notre habitude d’heureux pilotes de 4×4, c’est en dehors des sentiers battus que nous prendrons le chemin du retour à Arequipa. Nous passons par le canyon du Colca en empruntant les routes secondaires, ou plutôt pistes de terre, qui nous permettent de mieux profiter des paysages sauvages qu’offrent les hauts plateaux andins recouverts d’une fine couche de neige fraîchement tombée.

Hormis un pont arraché par les pluies diluviennes nous obligeant un détour par un barrage tout proche, et quelques interrogations quant à l’itinéraire à suivre, nous arrivons sans mal à Chivay, village d’entrée du canyon (ceux qui suivent et qui ont bonne mémoire savent déjà tout grâce à ce très bon article).
Les nuits étant toujours aussi fraîches dans le coin, un passage au marché artisanal nous verra racheter des chaussettes en Alpaga, c’en est presque devenue une habitude…
Après le petit-déj au grand air devant le marché, presque habituel lui aussi, nous partons en découverte des méandres du rio Colca par la piste passant par les petits villages, découvrons qu’ils ont installé un péage et en ont profité pour doubler le prix d’entrée. Un « non merci » et un demi-tour plus tard, nous faisons halte auprès d’une vendeuse d’artisanat sur le bord du chemin, observons les derniers vols de condors de la matinée, et comme nous sommes très urbains, nous ramenons la jeune femme à son village.
Du coup, nous n’aurons pas vu les coins les plus encaissés qui donnent au canyon son air de canyon, mais qu’importe, on aura quand-même aperçu des condors !
On passe faire trempette aux fameux bains thermaux de la Calera – tiens, tiens, là aussi ils ont augmenté les prix – et la température aussi pourrait-on croire, difficilement tenable…
Cette halte verra la fin de notre périple, mais aussi la presque fin de séjour de nos invitées. Une dernière soirée à Arequipa sera l’occasion d’un bon gueuleton à la Chi-Cha, le restaurant gourmet de Gaston Acurio, dont on ne se lassera jamais…

Machu Picchu président !

« Mère de pierre, écume des condors.
Hauts récifs de l’aurore humaine.
Pelle abandonnée dans le premier sable.
Ceci fut la demeure, ceci est le lieu :
Là, les larges grains de maïs montèrent
Et descendirent à nouveau comme une grêle rouge »

Ainsi est décrit Machu Picchu, par Pablo Neruda, dans son « Chant Général ». La citadelle inca ne cesse d’inspirer ses visiteurs depuis des générations. De Homer Simpson à Mick Jagger, qui passèrent par là, de Gloria Estefan qui y tourna une vidéo, aux Strokes qui en firent une chanson, du sultan de Bruneï qui loua le site pour lui tout seul, à Che Guevara qui y fit une halte pendant son « Voyage à motocyclette », chacun a profité à sa manière des instants magiques passés au milieu de ces ruines.

Homer au Machu

Homer au Machu

L’œuvre maîtresse de l’architecture inca, perchée entre 2 cimes, le Machu Picchu (le vieux pic) et le Huayna Picchu (le jeune pic), dominant la vallée de la rivière Urubamba 400m plus bas, possède non seulement un emplacement somptueux, des constructions finement ajustées, mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est l’harmonie du site, qui se fond naturellement avec son environnement. Comme si la citadelle avait poussé là, parce que Pachamama l’aurait décidé.
Mais en fait non. Ce ne sont ni les dieux, ni les extraterrestres les responsables de cette merveille, mais bel et bien notre très cher Pachacutec (toujours lui).

Majestueux Machu

Majestueux Machu

La construction débuta sans doute aux alentours de 1450, et on sait, grâce aux monolithes inachevés dispersés dans la carrière du site, que les travaux se poursuivaient encore en 1533, lors de la conquête espagnole. On ne sait toujours pas exactement pourquoi les espagnols n’y mirent pas les pieds… Secret bien gardé ou oubli de son existence par les natifs ?
Le grand Inca n’a pas simplement choisi ce lieu parce qu’il était joli, pas si superficiel le Pachou ! La présence d’une source, et également d’une carrière potentielle sur place a influencé les suffrages. La planification technique de Machu Picchu est le vrai secret de sa longévité. Les travaux préparatoires pour le drainage et la canalisation représente 60% de l’effort total des architectes. Et oui, c’est-à-dire que 60% du site se trouve sous terre. Il n’en fallait pas moins pour soutenir les 14 hectares de lourds édifices.

Canalisations

Canalisations

La construction commença donc par le bas. Des excavations, tout d’abord, remplies de tonnes de fragments de granit recouverts de graviers, puis de sable fin et enfin, d’un délicieux nappage de terre fertile, assuraient le lent filtrage des eaux de pluies (environ 2m par an), aidant au savant procédé de canalisation, véritable réseau veineux, situé 3m sous la peau du Machu Picchu.
On formait ensuite des murs de contention, légèrement inclinés afin de renforcer la stabilité. Ce sont ces grandes terrasses que l’on peut encore admirer aujourd’hui, qui permettent le maintien du site. Seulement certaines d’entre elles servaient pour l’agriculture, les plus petites, étaient d’ailleurs garnies d’orchidées et de fleurs de tous types (il y a plus de 2000 espèces de plantes dans l’espace écologique protégé du sanctuaire). On pense qu’une centaine de personnes habitaient ici à l’année, en revanche, les 16 fontaines de la ville étaient capable d’en ravitailler 1000.

On suppose que Machu Picchu aurait été un lieu de villégiature pour la noblesse cusquénienne, qui se les pelait sévèrement l’hiver dans la capitale, et venait donc ici se la couler douce grâce à une température plus clémente, due à l’altitude plus raisonnable (2400m) de la cité. Le nombre d’édifices religieux présents dans le secteur urbain, démontre la grande préoccupation du peuple pour les rituels et cérémonies.

Terrasses

Terrasses

Ainsi, en déambulant dans la ville, on peut admirer, par exemple le temple du soleil, non sans rappeler, par son enceinte incurvée, celui de Qoricancha, à Cuzco. Son unique fenêtre, trapézoïdale, est orientée et parfaitement alignée vers le lever du soleil lors du solstice d’été. Cette tour (comme on l’appelle) est construite sur la même roche composant, juste en-dessous, donc, une grotte, pourvue d’un autel en forme d’escalier, dont l’ombre projetée durant le solstice forme une croix andine. Quel peuple poétique !
Saviez-vous qu’il se servaient comme outils de taillage, de pierres d’une densité leur donnant une dureté comparable au fer ? C’est donc en tapant des cailloux les uns contre les autres (et beaucoup de patience) qu’ils érigèrent ce qui est aujourd’hui considéré comme l’une des 7 merveilles du monde moderne !

Le temple du soleil

Le temple du soleil

On doit la diffusion de l’information, de la présence de cette merveille, à l’américain Hiram Bingham. Professeur à l’université de Yale, il se mit en tête de tout plaquer, pour découvrir la mystèrieuse Vilcabamba, dernier refuge de Manco Capac II et de sa rébellion. L’explorateur (qui semble avoir inspiré Steven Spielberg pour Indiana Jones), entendit parler par des natifs, de ruines situées dans la vallée de l’Urubamba, et décida d’y faire un détour, juste pour voir. Le matin du 24 juillet 1911, il réussit à convaincre, pour 1 sol, Melchor Arteaga, qui vivait dans le coin, de l’emmener par le chemin inextricable menant aux fameuses ruines. Arrivés là-haut, ils rencontrèrent 3 familles vivant sur place (et oui, dans le Machu), cultivant maïs et piment sur les terrasses, qui lui offrirent des fruits, à boire, voire une petite tasse de thé avec un nuage de lait… On est loin d’Harrisson Ford et du Temple maudit », mais bon. Sur place, Hiram Bingham prit quelques clichés, trouva gravée sur un pierre l’inscription : « Austin Lizarraga, 1902 », prouvant qu’un autre avant lui avait mené une expédition jusqu’ici. Bref tout ceci était bien sympa, mais il écrivit dans son journal de bord « rien d’important ».

Hiram Bingham

Hiram Bingham

Il continua donc ensuite son voyage sur le chemin de Vilcabamba et fit chou blanc pour débusquer ce qu’il cherchait. C’est de retour chez lui qu’il se dit : « et pourquoi pas Machu Picchu ? » Il réussit à convaincre l’université de Yale de financer une 2e expédition, et fort du soutien de « National Geographic », il retourna à Machu Picchu l’année suivante accompagné d’une équipe scientifique pluridisciplinaire.
3 mois de défrichage furent nécessaires pour qu’il se rende enfin compte de l’importance du lieu. On Employa pour cela nombre de travailleurs, dont les familles Alvarez, Riharte et Fuentes, vivant sur le site à son arrivée. On incendia même certaines parcelles pour plus de rapidité ! En 1925, inauguration de la voie ferrée reliant Aguas Calientes, en 1948, construction d’une route menant de la gare, au site. Cette même année, Bingham publie un livre intitulé « La cité perdue des incas », mettant ainsi au cœur de l’imaginaire du monde entier, le Machu Picchu.

Machu Picchu 1911 / 1912

Machu Picchu 1911 / 1912

Dommage, qu’il oublie de mentionner la stèle gravée par son prédécesseur en 1902… Dommage également, que par un habile contournement de la loi péruvienne de l’époque, l’équipe américaine en profita pour sortir tous les artéfacts présents sur le site ! Ce patrimoine immense se trouve aujourd’hui, disséminé soit dans les vitrines de musées aux Etats-Unis, soit dans des collections privées. L’année dernière, grâce à l’action médiatique du président Alan Garcia, 366 objets sur les 45 000, ont été restitués par l’université de Yale, qui les détenait. Le reste devrait suivre dans les mois à venir pour le plus grand bonheur du pays qui pourra ainsi profiter pleinement de son patrimoine.

Avril 1913

Avril 1913

2500 visiteurs parcourent chaque jour le sanctuaire. Et encore, les places sont limitées ! En juin dernier, l’UNESCO a demandé aux autorités de leur présenter un rapport imminent, sur l’état de conservation du site, sous menace de rayer Machu Picchu de son patrimoine (auquel il est inscrit depuis 1983). En effet, victime de son succès, la cité inca est mise régulièrement en danger. Il y a quelques années, un projet mégalomane prévoyait de construire un téléphérique entre Aguas Calientes et la citadelle. Sans parler de la fois où, lors du tournage d’une publicité pour une marque de bière, une grue tomba et endommagea l’horloge solaire de l’intihuatana. L’UNESCO veille donc à limiter les excès autour de ce spectaculaire patrimoine. Elle s’oppose en ce moment au projet de route qui pourrait bientôt relier Aguas Calientes.
C’est justifié à mon avis, l’endroit pousse à la contemplation, complètement en inadéquation avec les tours organisés par les agences qui poussent les touristes à courir partout, et parfois à grimper impunément sur les enceintes ancestrales.

L'intihuatana, horloge solaire

L’intihuatana, horloge solaire

  • Pour écrire cet article je me suis principalement basée sur le captivant ouvrage de Sergio Vilela et José Carlos de la Puente : « El ultimo secreto de Machu Picchu »
  • Je vous invite aussi à vous rendre sur cette page, pour visionner une infographie 3D de Machu Picchu

Votez Machu Picchu

Le Machu Picchu, la cité perdue et oubliée, petit bijou de l’empire Inca, grande fierté des péruviens, est aujourd’hui la principale destination touristique du pays, voire d’Amérique du Sud. Tous les jours, 2500 visiteurs (mais pas un de plus) se ruent sur ce site parfaitement entretenu, l’appareil photo prêt pour la mitraille !
Situé en limite entre la cordillère et la jungle amazonienne, l’endroit est entouré d’une végétation dense sur des reliefs escarpés, ce qui donne à l’ensemble un caractère spectaculaire !

Patrimoine mondial de l’UNESCO bien-sûr, désigné comme une des 7 nouvelles merveilles du monde en 2007, ce lieu chargé d’histoire et de mystère est un passage obligé, et nous ne pouvions pas passer à côté sans nous y rendre ! C’est d’ailleurs, comme pour la plupart, le point d’orgue de notre périple avec Alvi !

Pour s’y rendre, il n’y a guère de choix : depuis Ollantaytambo, il faut prendre le train jusqu’à Aguas Calientes, petite ville située juste au pied de la montagne qui doit son existence à l’activité touristique, soit disant qu’aucune route n’y conduit… bien-sûr, la compagnie ferroviaire en profite pour s’en mettre plein les fouilles. Il y a bien d’autres possibilités, plus sportives, impliquant des treks de plusieurs jours à haute altitude… ce ne sera pas pour nous, ou alors, une autre fois.

Nous voilà donc d’attaque avant même l’aube du jour, attendant le premier train puant le diesel, parés à toute éventualité météorologique ! Il y a toujours des risques de pluies ici, et en cette saison plus que toute autre. On en connait qui, lors de leur passage, ont dû évacuer leur tente en pleine nuit…
On lutte contre le sommeil pour profiter du paysage, longeant la rivière Urubamba tumultueuse. Un petit-déj rapide à Aguas Calientes et on s’arme de courage pour attaquer le sentier pédestre qui nous conduit au sommet, tandis que d’autres préféreront le confort d’un bus. On a de la chance, il fait beau. Mais on n’a pas de chance, il fait trop beau ! Le soleil commence à cogner, la grimpette nous fait suer à grosses gouttes ! Mais l’effort nous donne le sentiment de mériter le spectacle qui nous attend.
Car une fois arrivé sur le site, la magie opère tout de suite, c’est grandiose, sublime, on en reste bouche bée tellement c’est beau, et on se sent petit face à cette oeuvre tellement imposante, dans ce panorama somptueux baigné de sa brume matinale. On peine à imaginer les efforts, le courage et la volonté nécessaires pour construire cette citadelle, dans un lieu aussi insolite, toute en pierres parfaitement taillées et ajustées, comme les Incas en avaient le secret, et sans outils en fer, je rappelle !
On ne perd pas de temps pour entreprendre les séances photos, les lieux commencent déjà à se remplir de monde. On débusque un guide maîtrisant son sujet, mais pas le français, Elvi fera donc la traductrice en direct « live » pour que chacun en profite.

A la fin de la visite, une promenade agréable et instructive, ponctuée de quelques averses qui n’enlèveront rien au charme des lieux, on entreprend une autre petite grimpette qui nous conduira à la porte du soleil (par où arrive le chemin de l’Inca), histoire d’avoir une vue dominant le site. Rapidement, l’horizon se bouche d’épais nuages, et les seaux d’eau ne se font pas attendre ! On arrive trempé, on ne profite absolument pas de la vue, et on se contente d’un abris de fortune sous quelques branchages dans les hauteurs, le temps que passe l’orage. Une clope et quelques singeries plus tard, on prend le chemin en sens inverse, profitant d’une accalmie toute relative, car on se mouille toujours !

Après une journée bien remplie à en prendre plein les mirettes, le retour se fera tranquillement, sous le coup de la fatigue. Il fait nuit à nouveau quand nous redescendons du train, des étoiles plein les yeux et l’esprit voguant à loisir dans l’univers des mystérieuses citées d’or…