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Sur le hamac, sur le bateau, sur l’Amazone

Encore un dessin fait sur le bateau en route pour Iquitos. Depuis le poste d’observation de mon hamac, j’ai croqué la maman de Maria, ma voisine.
Pendant les 5 jours de navigation, elle regardait avec nostalgie par la fenêtre, du haut de son mètre 40 et de ses 83 ans.

Le dauphin rose de l’Amazone

Et oui, ce n’est pas une blague, il y a des dauphins roses dans l’Amazone (aussi appelés « botos ») ! Il y en a aussi des gris, plus petits, mais d’une marque différente.
Mais les dauphins roses, eux, sont les plus grands cétacés d’eau douce, ils mesurent jusqu’à 2 m 80 et pèsent environ 150 kg.

Véritable fossile vivant qui a su conserver l’aspect des premiers dauphins du Tertiaire, le Boto a quitté les flots salés de l’océan, il y a de cela plusieurs dizaines de milliers d’années, pour remonter peu à peu les fleuves et s’adapter à la vie en eau douce. Mieux encore, on peut dire dans son cas qu’il s’agit vraiment d’un « dauphin de la forêt pluvieuse », car là où il habite, dans les eaux sombres de l’Amazone ou de l’Orénoque, la jungle est massivement inondée chaque saison pendant six mois. Elle se transforme alors en une étrange forêt aquatique où les poissons volent de branche en branche pour y manger les fruits et les baies, entre les feuilles de la canopée.
On en dénombre environ 100 000 individus.

En 1982, l’équipe du commandant Cousteau venue étudier l’espèce dénonça les expériences scientifiques qui mettaient en danger ces stupéfiants mammifères. En effet, les botos étaient capturés et on prélevait leur rétine, incroyablement similaire à la rétine humaine à des fins médicales.
Aujourd’hui, ils sont protégés par la loi, et celui qui en tue un risque 4 ans de prison.

Il était un petit navire…

Partis de Arequipa le 19 octobre, après une halte à Lima, un avion nous a emmené jusqu’à Pucallpa, petite ville poussiéreuse, mais l’une des portes d’entrée pour se rendre à Iquitos, en plein cœur de la forêt amazonienne. Pour cela, il n’y a guère d’option, Iquitos n’étant pas reliée par la route au reste du pays, il faut y aller soit en avion, soit en bateau. C’est cette dernière option que nous avons choisi, connaissant les conditions spartiates de ce type de voyage nous étions curieux de les partager avec les locaux, qui eux, n’ont pas vraiment les moyens de prendre l’avion! Ce fût une expérience inoubliable.
Voici mon carnet de bord, écrit pendant le trajet sur le bateau.

Lundi 22 octobre – Pucallpa

Bienvenue à bord

Bienvenue à bord

Nous voici sur le « Pedro Martin », le bateau qui devrait nous emmener jusqu’à Iquitos. Il est exactement 17h50, et nous attendons couchés dans nos hamacs, le départ. Nous attendons depuis ce matin 9h! On nous avait dit . « Allez-y assez tôt pour pouvoir choisir un bon emplacement pour installer vos hamacs »:
C’est sûr que lorsque nous sommes montés à bord, il y avait à peine 5 personnes: 9 heures plus tard une centaine de hamacs se balancent sur le premier pont… IL SERAIT PEUT-ÊTRE TEMPS D’Y ALLER!
Durant ces longues heures d’attente, nous avons eu l’occasion de faire connaissance avec nos voisins : Roberto, un liménien en vacances, Maria, venue chercher sa maman à Pucallpa, pour l’emmener vivre avec elle et sa famille à Iquitos, et Aaron, un australien, le seul autre gringo du bateau, qui nous a demandé vers midi de surveiller ses affaires, et qui n’est toujours pas revenu…!
Avant le départ, on nous avait aussi dit qu’on arriverait dans 3 jours à destination, soit jeudi. Mais des rumeurs persistantes, relayées par nos compagnons de voyage nous incitent fortement à penser que sera plutôt vendredi. A suivre, donc!

Mardi 23 octobre – Sur l’Ucayali

Des canards à bord

Des canards à bord

Non seulement le bateau n’est pas parti hier entre 15h et 17h comme prévu, mais il n’est pas du tout parti hier!
En fait, quand toute à l’heure, à 14h, les moteurs se sont mis en route, j’ai cru rêver! du coup, on peut dire qu’on a déjà fait 30 heures de bateau sans que ce dernier ne largue les amarres!
Et on n’a toujours pas compris la raison de ce retard. J’imagine des usagers de la SNCF à la place des patients (fatalistes?) péruviens… Ça aurait été la mutinerie sur le Pedro Martin! Mais bon, nous sommes finalement partis, et ça remplit de joie notre fin d?après-midi. Il est maintenant 17h30, et on profite du soleil couchant sur le pont supérieur. L’expérience de l’embarcation indolente sur cet immense fleuve Ucayali, les parfums de la forêt primaire toute proche… c’est sensationnel! Ça valait le coup d’attendre!
A noter que notre voisin l’australien a repointé son petit nez retroussé vers midi.. Soit 24h après nous avoir indiqué qu’il partait faire un petit tour… Bien sûr, entre temps, nous nous étions inquiétés et avions prévenu le capitaine de son absence plutôt suspecte! le fin mot de l’histoire, c’est qu’il est resté à picoler sur le port, et que la nuit venue, il s’est endormi dans la rue! A son retour, c’est dépouillé de son argent, carte de crédit, passeport, et même de ses chaussures qu’il est revenu, mais avec une belle gueule de bois! Ah, ces gringos!

Mercredi 24 octobre – Sur l’Ucayali

Le déluge

Le déluge

Hier soir, on ne nous a même pas servi à manger, alors qu’on avait quand-même quitté Pucallpa dans l?après-midi.
Mais bref, ça ne nous a pas empêché de dormir… jusqu’au moment où l’administrateur du bateau a choisi de contrôler les billets… à 1h du mat’ ! C’est pas comme s’il n’avait pas eu le temps avant pourtant! Ce main, on a fait la queue comme des prisonniers pour avoir le droit de remplir notre gamelle d’avoine, notre petit déjeuner bienvenu après la diète d’hier soir.
Après une balade sur le pont supérieur, on s’est aperçu que la barrière de la passerelle avait été défoncée pendant la nuit (par un arbre ?)`sans doute à cause d’une mauvaise manœuvre lors d’un halte: En tous cas, on ne s’est rendu compte de rien!
A midi, certains passagers ont débarqué à Cotamana, leur destination finale, ça nous a fait un peu de place dans notre immense dortoir: Roberto, notre voisin liménien en a profité pour faire une petite promenade à terre, manque de bol pour lui, pour une fois, le capitaine qui lui avait annoncé 1 heure d’escale, était en avance, et une demi-heure plus tard, nous quittions Cotamana… sans Roberto… qui a dû payer 40 soles une barque à moteur pour nous rattraper !
45 minutes plus tard, une pluie diluvienne se déchainait sur nous… pluie qui ne s’est toujours pas arrêtée à l´heure qu’il est (16h30).

Jeudi 25 octobre – Sur l’Ucayali

Le soleil se couche

Le soleil se couche

Ce matin, après une nuit frisquette, il s’est quand-même arrêté de pleuvoir. Le ciel est tout de même resté couvert toute la journée, ce qui rendait l’atmosphère plus fraiche, moins étouffante… Ce qui était ma foi bien agréable !
Au petit déjeuner : riz au lait
Au déjeuner : riz au poulet
Au dîner : Soupe de riz
Je repense à Pauline imitant un enfant chinois devant son bol : « Encore du riz !!! »
J’ai l’impression que le cuistot s’inquiète de notre transit… Petit plaisir quand ce matin, un péruvien est venu nous mendier un médicament contre la diarrhée ! C’est avec un grand plaisir que nous lui avons offert un SMECTA… Le gringo qui soigne le natif contre la turista!!!
Sinon, les journées s’écoulent paisiblement entre lecture et promenades sur le pont, où nous profitons en fin de journée de couchers de soleil somptueux accompagnés d’effluves du bois coupé que nous transportons sur l’embarcation et des parfums de la jungle qui nous entoure. Nous apprécions énormément ce voyage…
Vendredi 26 octobre – Sur l’Ucayali

Escale à Requena

Escale à Requena

Aujourd’hui, j’ai vu un dauphin rose !!! Et oui, après une journée quasiment comme les autres, quoique extrêmement chaude nous avons fait une halte au petit village de Requena, vers 16h… Et là… j’ai vu un dauphin rose!!! Malheureusement, impossible de réussir à le photographier…
Fin d’après.midi toujours aussi exquise sur le pont supérieur, au soleil couchant, à discuter avec nos compagnons de voyage péruviens. Bon, la conversation a porté principalement vers la religion, à savoir, les différences entre catholiques et évangélistes. Ils sont plutôt évangélistes dans ce coin apparemment. Quand on m’a demandé si je croyais en dieu, je n’ai pas osé dire que j’étais athée intégriste… J’ai juste dit : « Hum, je ne sais pas, j’ai des doutes ! »…
Sinon, on est censé arriver demain vers midi à Iquitos… Où on se délectera, aussitôt débarqués, d’une bonne bière fraîche… C’est dit !

Arivée à Iquitos

Arivée à Iquitos

Finalement, nous sommes bien arrivés samedi 27 octobre à Iquitos, vers 14h.
Au total, nous avons passé 6 journées sur le Pedro Martin, vu 4 couchers de soleil depuis le fleuve (et oui, on a eu un soir de pluie !), lu 5 livres à nous deux, dormi environ 72 heures, mangé au moins 2 kilos de riz chacun (aucun smecta) et bu 0 bière.

To Do list

Bon, certains d’entre vous ont déjà vu cette image passer par facebook… C’est que cette semaine, je l’ai proposée pour un concours organisé par fotolia via facebook.
Le principe de ce concours était de choisir un thème parmi la dizaine proposée, et de composer une image avec photoshop avec un choix de photos imposé.
Comme dans la liste, il y avait le thème du voyage, c’est celui que j’ai choisi en me disant que de toutes manières, je publierai le résultat sur le blog… Parce que bien évidemment, je n’ai aucune chance de gagner un prix, vu le grand nombre de participants, et la qualité des travaux proposés!
En plus, le concours a commencé il y a un mois… et évidemment, je ne l’ai découvert que deux jours avant la date de clôture… Ce qui ne m’a pas laissé beaucoup de temps pour élaborer quelque chose de mieux.
Je me suis servi des images fotolia proposées (livres, table, mappemonde…), mais aussi de nos propres photos (machu, moaï, Taj Mahal…) et le reste est de l’illustration.
Donc, ceci n’est pas vraiment un dessin (bien que j’ai dessiné un pingouin et un avion à main levée!), mais c’est tout de même une création!
En plus, j’en ai profité pour nous projeter dans le court terme avec ce que nous avions prévu comme vadrouille cette année, à savoir les Galapagos et Ushuaïa!!!
Donc voilà un premier article (d’une future série?) dans lequel on va essayer de partager nos travaux professionnels/personnels avec vous!
Parce que quand-même, vous êtes sur un blog de web-designers boudiou!

Mais oui mais oui… l’école de Cusco!

Voilà un petit moment que je voulais faire un article sur l’école de Cusco. Il faut dire que ce courant de peinture est ici incontournable, dans n’importe quelle ville du pays, à partir du moment où l’on visite une église, un couvent colonial, ou même un musée d’histoire péruvienne. Et bien sûr, c’est aussi et surtout unique !

C’est sans doute le mouvement artistique le plus important de l’histoire de l’Amérique Latine coloniale. Il se développa entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
Dans sa volonté d’évangélisation de la population conquise, l’Église associa donc l’art pictural européen et le talent des peintres indiens et métisses. Ainsi la peinture de l’école cusquénienne se distingue par l’influence des courants baroques et en particulier du maniérisme de la fin de la renaissance, mélangée aux traditions artistiques de la culture indigène. A noter que les sujets choisis sont de manière générale, des scènes religieuses.
Le mieux pour illustrer tout ça, ce sont des exemples :
Maniérisme + Influence indigène = École de Cusco
  • Rupture de la proportion du corps
  • Répétition de figures
+
  • Forme triangulaire de montagne, référence à Pachamama
  • Couleurs criardes, abus de feuilles d’or
= Notre-Dame de Belén
  • Déformation et torsion des corps
  • Simplification de la perspective
+
  • Fruits exotiques et cochon d’Inde grillé au menu
= La cène

C’est donc intéressant et amusant, de scruter ces toiles à la recherche du détail caché… En général, la faune et la flore typique du continent sud-américain… Ici, dans les cieux divins, un perroquet, symbolisant la noblesse inca, voire la résistance andine, et là, un Christ en croix avec une morphologie indienne.

Évidemment, la plus éloquente étant le fameux dernier repas de Jésus, avec des mets  pittoresques sur la table !
Un thème privilégié également de l’école de Cusco, sont les anges guerriers, armés d’arquebuses ou autres, déclinés à l’infini.
Impossible de ne pas citer celui qui a donné son style à ce mouvement : Bernardo Bitti. Illustre peintre de la renaissance, en 1575, son arrivée au Pérou (où il termina ses jours d’ailleurs), marqua la première phase de développement de l’art cusquénien. Ses disciples continuèrent de perpétuer son style au cours des siècles suivants.
Beaucoup de tableaux de l’école de Cusco sont malheureusement anonymes, mais on pourra tout de même retenir les noms d’artistes natifs tels que Diego Quispe Tito, ou encore Marcos Zapata, dont une cinquantaine de toiles grand format ornent la Cathédrale de Cusco (dont la fameuse cène au cuy!).
Pinacothèque de toiles cusquéniennes à Santa Catalina, Arequipa

Pinacothèque de toiles cusquéniennes à Santa Catalina, Arequipa