Sélectionner une page

Tribune MiChan

Le 23 juin 2011, il y a un an jour pour jour, nous prenions la direction de l’aéroport, fin prêts à décoller vers notre nouvelle vie sud-américaine… Bon, l’efficacité d’Air France, fit que finalement, notre vol fut repoussé 2 jours d’affilée, et que notre date d’arrivée réelle au Pérou fut le 25 juin… Résultat, on considère que l’anniversaire de notre aventure dure 3 jours!
Rien n’aurait été pareil sans nos amis Michel et Chantal (MiChan, donc!), qui ont accompagné et soutenu nos premiers pas dans les Andes. Nos trois semaines de vacances ensemble sont racontées dans le blog, bien sûr, mais cerise sur le gâteau, un an après, nous publions leur version à eux! Nous ouvrons donc une nouvelle catégorie, une tribune réservée à nos amis de passage, qui eux aussi, auront envie de s’exprimer.
Voici le récit de Michan:

23 /06/11 - ready to go!

23 /06/11 – ready to go!

Ce fût décidé, ce fût réalisé, ce fût merveilleux. Cette escapade au Pérou se décida en début d’année 2011, lors d’une « bouffe » à la maison avec Magali et Kim. Tout au long de cette soirée alimentée de discussions non avinées, évoquant l’avenir des uns et des autres, bingo, nous irons aider les tourtereaux à s’installer pour une durée indéterminée à Arequipa. La décision prise, plus personne ne devait reculer devant ce projet inter-générationnel, nous étions sur le même bateau fixant l’horizon qui s’éclaircissait au fur et à mesure que chacun émettait un avis, une suggestion, un désir!..la civilisation Inca soudait le quatuor. De cette préparation, on doit en retirer une idée forte, sans trop se connaître, sans avoir vécu de situations en commun, la mayonnaise avait pris.

On se devait de réussir. On arriverait à Lima, on partirait dans la foulée vers Trujillo, arrivés à Trujillo on rebrousserait chemin pour Lima afin de prendre l’avion pour rejoindre Arequipa. Quelques repères incontournables : la date d’arrivée à Lima, le jour pour rendre la voiture à Lima, le départ sur Arequipa et notre retour en France pour le 13 juillet. Et à l’intérieur de ces bornes, liberté et indépendance pour appréhender le quotidien des péruviens, s’initier à la civilisation précolombienne, apprécier les montagnes, le désert, les marchés, l’artisanat, la cuisine, l’hébergement, la musique… une démarche de « Routard » où tout était ciblé sans contrainte de temps. Je ne vais pas « step by step » vous faire le récit de nos pérégrinations, dans ce blog , Magali et Kim le font beaucoup mieux que ce que j’aurai pu pondre : c’est vivant, ludique, intéressant, un peu d’histoire, un peu d’humour,

MiChan, à Barranca

MiChan, à Barranca

Mais quels souvenirs !!!!!.Entre nos longues chevauchées sur la Pan Americaine, le retour à l’hôtel, un soir où nous étions pommés, dans un camion de pandores locaux, le dîner chez Astrid et Gaston en jeans (le seul étoilé au Michelin au Pérou, sur lequel nous sommes tombés par hasard), l’immensité de Chan Chan, les petits déjeuners avec les péruviens sur les marchés où nous avons apprécié le bouillon de poulet, faire le marché et cuisiner notre subsistance, la rencontre de Bastien/Juju et Brice /Chloé, partager les attentes de Kim et Mag à la recherche de leur appartement et sans cesse être à la recherche de l’hôtel…avec un paquet de contraintes que l’on s’était imposé. C’est tout simplement excitant et valorisant.

Une forme de voyage que je n’avais jamais pratiquée. Habitué, la plupart du temps, aux Hôtels BCBG où tout est cadré, organisé, aux circuits clés en main préfabriqués.

Pisco à Trujillo

Pisco à Trujillo

Le Pérou ! ..quelle cure de Jouvence. Quel souffle de liberté et d’indépendance où, à notre rythme (merci Kim et Mag), avons pu faire 100 fois plus de choses que d’ordinaire et être dans le contact permanent avec les péruviens. D’où notre super motivation pour l’apprentissage de la langue espagnole depuis septembre 2011, avec l’objectif d’un prochain voyage en Amérique du Sud. Terminer par Arequipa, la ville blanche, toute l’année ensoleillée et sèche, chaude le jour, froide la nuit . Comment ne pas tomber sous les charmes de cet havre de paix avec sa Plaza de Armas (la plus belle du Pérou), sa cathédrale baroque, le couvent Santa Catalina !..10 jours dans un autre monde magnifique, merveilleux, convivial, pétant de toutes couleurs.

Le 14 juillet 2011, nous étions de retour sous les flonflons, aux sons de la Marseillaise, dans les bruits et la pollution de la plus belle des capitales : Paris.

 

Un grand merci, MiChan, pour ces souvenirs inoubliables…
C’est sûr que de notre côté, le fait d’avoir voyagé avec vous nous a également beaucoup apporté : une vision différente grâce à votre sens de l’observation acéré, et votre sérénité, votre présence apaisante en toutes circonstances (même en plein milieu du trafic liménien!). J’espère que vous avez bien pratiqué votre espagnol, on vous attend de pied ferme pour l’Argentine!!!

Stupeur et tremblement(s)

La semaine dernière, nous avons essuyé une petite secousse sismique à Arequipa. Bon, bien sûr ce n’était pas la première fois que nous sentions la ville trembler, mais en revanche, c’était la première fois où nous notions quelque chose en pleine journée.
Car, si il y a des « temblors », comme on les appelle ici, quasi quotidiennement, ils peuvent facilement se confondre avec un camion qui passe dans la rue, ou un jacky dans sa super coccinelle décapotable, les basses de son autoradio à fond, faisant vibrer les vitres… C’est pour ça que jusqu’à présent, nous avions seulement ressenti quelques secousses dans le calme de la nuit. Mais la semaine dernière, vers midi, le ronflement bien reconnaissable s’est amplifié rapidement… et a duré… duré… au moins une minute !

Se réfugier dans un endroit sûr

Se réfugier dans un endroit sûr

Ça peut paraître court comme ça, une minute, mais ça semble une éternité quand on commence à flipper! Pour ma part, j’ai filé me réfugier dans les toilettes (parce que c’est la zone la plus sure de la maison), pendant que Kim, le stoïcisme incarné, s’emparait de son appareil photo (on ne sait jamais, le toit qui s’écroule, ça peut être un scoop sur le blog !).
Bon, finalement rien de grave, rien ne s’est écroulé, les stylos n’ont même pas roulés sur le bureau.
Après des recherches sur internet, nous avons appris que l’intensité était de 6 sur l’échelle de Richter, et l’épicentre à une centaine de kilomètres de là. Tout de même pas mal, quand on pense au séisme du mois dernier en Italie, qui a fait 8 morts, était d’une magnitude de 5.8 !
A noter, que le séisme le plus important jamais enregistré a atteint la valeur de 9.5, en 1960… C’était au Chili.

La coulée de Yungay

La coulée de Yungay

J’avais donc envie d’aborder le sujet dans un article du blog, car il y a une légère paranoïa ambiante qui fait pleinement partie de notre quotidien… Ici, on évoque fréquemment le « tremblement de terre du siècle », qui devrait bientôt frapper soit Santiago du Chili, soit Lima (ça tombe bien, on est pile poil entre les deux !).
Revenons sur les séismes historique du Pérou – depuis le début du XXe siècle, une vingtaine de plus de 6.8 sur l’échelle de Richter ont été répertoriés – et attardons-nous sur 3 d’entre eux.
Le 31 mai 1970, le tremblement de terre d’une magnitude de 7.8, dont l’épicentre était situé entre Chimbote et Casma, fit 70 000 victimes. Le village de Yungay, fut carrément rayé de la carte, ravagé par une coulée de boue spectaculaire, formée par le décrochement d’une plaque de roche et de glace, qui déferla dans la vallée. 22 000 personnes y trouvèrent la mort instantanément.
Cet événement reste l’une des pires catastrophes ayant touché l’Amérique du sud. Aujourd’hui, le petit village de Yungay a été reconstruit, et l’ancien site fut décrété « cimetière national » par les autorités, avec un mémorial pour les personnes ensevelies en ce lieu.
Si ça vous intéresse, voici une animation de la reconstitution de la tragédie sur cette page.

Le clocher en train de s’effondrer

Le clocher en train de s’effondrer

Le 23 juin 2001, c’est Arequipa qui est frappée. Loin d’être aussi désastreux que celui de Chimbote, le nombre de victimes ne fut « que » de 240, incluant les 70 disparus du Tsunami qui suivit.
Les arequipeños font souvent référence à ce séisme, tous furent extrêmement effrayés durant les 2 minutes que dura la secousse, et les jours suivant, par peur des répliques. Notre somptueuse cathédrale fut amputée de l’un de ses clochers, le monastère Santa Catalina aussi essuya de nombreux dégâts, et surtout, 17 500 maisons furent détruites.
D’une intensité de 8, le dernier séisme violent au Pérou est celui qui frappa les alentours de Pisco le 15 août 2007. Comme ses prédécesseurs, il fut la conséquence du choc de la plaque de Nasca avec la plaque Sud Américaine. La secousse ayant entraîné le développement d’un tsunami, une vague de 2 a 3 mètres de hauteur frappa ainsi le sud de la péninsule de Paracas, heureusement quasiment inhabitée. Dans le site de Lagunilla, la vague est localement montée à 6 m, entraînant des embarcations à plus de 2 km à l’intérieur des terres. La catastrophe tua plus de 500 personnes, et fut un désastre sanitaire les mois qui suivirent en raison de l’étendue des dommages ayant affecté les habitations.

Ayons confiance !

Ayons confiance !

C’est vrai qu’après un évènement de cette ampleur, la gestion de crise est délicate pour un gouvernement comme celui du Pérou.
Il y a quelques semaines justement, la municipalité de Lima, sous l’impulsion de la maire, Susana Villarán, organisa une grande journée de simulation de séisme.
En effet, un expert en tectophysique et micro-techtonie (de l’université de Montpellier !), prédit un « big one » d’une intensité de 8, dans la capitale avant 2013 !
On estime que si cela arrivait aujourd’hui, on enregistrerait 6000 morts et 30 000 blessés, 200 000 bâtiments détruits. De ce scénario, découlerait 180 milliards de dollars de pertes économiques, soit 75 % du PIB péruvien. Nécessiteraient ensuite entre 10 et 15 années de reconstruction.
Bon, on peut tout de même se rassurer en se disant qu’il n’y a pas de centrales nucléaires au Pérou…

Machu Picchu président !

« Mère de pierre, écume des condors.
Hauts récifs de l’aurore humaine.
Pelle abandonnée dans le premier sable.
Ceci fut la demeure, ceci est le lieu :
Là, les larges grains de maïs montèrent
Et descendirent à nouveau comme une grêle rouge »

Ainsi est décrit Machu Picchu, par Pablo Neruda, dans son « Chant Général ». La citadelle inca ne cesse d’inspirer ses visiteurs depuis des générations. De Homer Simpson à Mick Jagger, qui passèrent par là, de Gloria Estefan qui y tourna une vidéo, aux Strokes qui en firent une chanson, du sultan de Bruneï qui loua le site pour lui tout seul, à Che Guevara qui y fit une halte pendant son « Voyage à motocyclette », chacun a profité à sa manière des instants magiques passés au milieu de ces ruines.

Homer au Machu

Homer au Machu

L’œuvre maîtresse de l’architecture inca, perchée entre 2 cimes, le Machu Picchu (le vieux pic) et le Huayna Picchu (le jeune pic), dominant la vallée de la rivière Urubamba 400m plus bas, possède non seulement un emplacement somptueux, des constructions finement ajustées, mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est l’harmonie du site, qui se fond naturellement avec son environnement. Comme si la citadelle avait poussé là, parce que Pachamama l’aurait décidé.
Mais en fait non. Ce ne sont ni les dieux, ni les extraterrestres les responsables de cette merveille, mais bel et bien notre très cher Pachacutec (toujours lui).

Majestueux Machu

Majestueux Machu

La construction débuta sans doute aux alentours de 1450, et on sait, grâce aux monolithes inachevés dispersés dans la carrière du site, que les travaux se poursuivaient encore en 1533, lors de la conquête espagnole. On ne sait toujours pas exactement pourquoi les espagnols n’y mirent pas les pieds… Secret bien gardé ou oubli de son existence par les natifs ?
Le grand Inca n’a pas simplement choisi ce lieu parce qu’il était joli, pas si superficiel le Pachou ! La présence d’une source, et également d’une carrière potentielle sur place a influencé les suffrages. La planification technique de Machu Picchu est le vrai secret de sa longévité. Les travaux préparatoires pour le drainage et la canalisation représente 60% de l’effort total des architectes. Et oui, c’est-à-dire que 60% du site se trouve sous terre. Il n’en fallait pas moins pour soutenir les 14 hectares de lourds édifices.

Canalisations

Canalisations

La construction commença donc par le bas. Des excavations, tout d’abord, remplies de tonnes de fragments de granit recouverts de graviers, puis de sable fin et enfin, d’un délicieux nappage de terre fertile, assuraient le lent filtrage des eaux de pluies (environ 2m par an), aidant au savant procédé de canalisation, véritable réseau veineux, situé 3m sous la peau du Machu Picchu.
On formait ensuite des murs de contention, légèrement inclinés afin de renforcer la stabilité. Ce sont ces grandes terrasses que l’on peut encore admirer aujourd’hui, qui permettent le maintien du site. Seulement certaines d’entre elles servaient pour l’agriculture, les plus petites, étaient d’ailleurs garnies d’orchidées et de fleurs de tous types (il y a plus de 2000 espèces de plantes dans l’espace écologique protégé du sanctuaire). On pense qu’une centaine de personnes habitaient ici à l’année, en revanche, les 16 fontaines de la ville étaient capable d’en ravitailler 1000.

On suppose que Machu Picchu aurait été un lieu de villégiature pour la noblesse cusquénienne, qui se les pelait sévèrement l’hiver dans la capitale, et venait donc ici se la couler douce grâce à une température plus clémente, due à l’altitude plus raisonnable (2400m) de la cité. Le nombre d’édifices religieux présents dans le secteur urbain, démontre la grande préoccupation du peuple pour les rituels et cérémonies.

Terrasses

Terrasses

Ainsi, en déambulant dans la ville, on peut admirer, par exemple le temple du soleil, non sans rappeler, par son enceinte incurvée, celui de Qoricancha, à Cuzco. Son unique fenêtre, trapézoïdale, est orientée et parfaitement alignée vers le lever du soleil lors du solstice d’été. Cette tour (comme on l’appelle) est construite sur la même roche composant, juste en-dessous, donc, une grotte, pourvue d’un autel en forme d’escalier, dont l’ombre projetée durant le solstice forme une croix andine. Quel peuple poétique !
Saviez-vous qu’il se servaient comme outils de taillage, de pierres d’une densité leur donnant une dureté comparable au fer ? C’est donc en tapant des cailloux les uns contre les autres (et beaucoup de patience) qu’ils érigèrent ce qui est aujourd’hui considéré comme l’une des 7 merveilles du monde moderne !

Le temple du soleil

Le temple du soleil

On doit la diffusion de l’information, de la présence de cette merveille, à l’américain Hiram Bingham. Professeur à l’université de Yale, il se mit en tête de tout plaquer, pour découvrir la mystèrieuse Vilcabamba, dernier refuge de Manco Capac II et de sa rébellion. L’explorateur (qui semble avoir inspiré Steven Spielberg pour Indiana Jones), entendit parler par des natifs, de ruines situées dans la vallée de l’Urubamba, et décida d’y faire un détour, juste pour voir. Le matin du 24 juillet 1911, il réussit à convaincre, pour 1 sol, Melchor Arteaga, qui vivait dans le coin, de l’emmener par le chemin inextricable menant aux fameuses ruines. Arrivés là-haut, ils rencontrèrent 3 familles vivant sur place (et oui, dans le Machu), cultivant maïs et piment sur les terrasses, qui lui offrirent des fruits, à boire, voire une petite tasse de thé avec un nuage de lait… On est loin d’Harrisson Ford et du Temple maudit », mais bon. Sur place, Hiram Bingham prit quelques clichés, trouva gravée sur un pierre l’inscription : « Austin Lizarraga, 1902 », prouvant qu’un autre avant lui avait mené une expédition jusqu’ici. Bref tout ceci était bien sympa, mais il écrivit dans son journal de bord « rien d’important ».

Hiram Bingham

Hiram Bingham

Il continua donc ensuite son voyage sur le chemin de Vilcabamba et fit chou blanc pour débusquer ce qu’il cherchait. C’est de retour chez lui qu’il se dit : « et pourquoi pas Machu Picchu ? » Il réussit à convaincre l’université de Yale de financer une 2e expédition, et fort du soutien de « National Geographic », il retourna à Machu Picchu l’année suivante accompagné d’une équipe scientifique pluridisciplinaire.
3 mois de défrichage furent nécessaires pour qu’il se rende enfin compte de l’importance du lieu. On Employa pour cela nombre de travailleurs, dont les familles Alvarez, Riharte et Fuentes, vivant sur le site à son arrivée. On incendia même certaines parcelles pour plus de rapidité ! En 1925, inauguration de la voie ferrée reliant Aguas Calientes, en 1948, construction d’une route menant de la gare, au site. Cette même année, Bingham publie un livre intitulé « La cité perdue des incas », mettant ainsi au cœur de l’imaginaire du monde entier, le Machu Picchu.

Machu Picchu 1911 / 1912

Machu Picchu 1911 / 1912

Dommage, qu’il oublie de mentionner la stèle gravée par son prédécesseur en 1902… Dommage également, que par un habile contournement de la loi péruvienne de l’époque, l’équipe américaine en profita pour sortir tous les artéfacts présents sur le site ! Ce patrimoine immense se trouve aujourd’hui, disséminé soit dans les vitrines de musées aux Etats-Unis, soit dans des collections privées. L’année dernière, grâce à l’action médiatique du président Alan Garcia, 366 objets sur les 45 000, ont été restitués par l’université de Yale, qui les détenait. Le reste devrait suivre dans les mois à venir pour le plus grand bonheur du pays qui pourra ainsi profiter pleinement de son patrimoine.

Avril 1913

Avril 1913

2500 visiteurs parcourent chaque jour le sanctuaire. Et encore, les places sont limitées ! En juin dernier, l’UNESCO a demandé aux autorités de leur présenter un rapport imminent, sur l’état de conservation du site, sous menace de rayer Machu Picchu de son patrimoine (auquel il est inscrit depuis 1983). En effet, victime de son succès, la cité inca est mise régulièrement en danger. Il y a quelques années, un projet mégalomane prévoyait de construire un téléphérique entre Aguas Calientes et la citadelle. Sans parler de la fois où, lors du tournage d’une publicité pour une marque de bière, une grue tomba et endommagea l’horloge solaire de l’intihuatana. L’UNESCO veille donc à limiter les excès autour de ce spectaculaire patrimoine. Elle s’oppose en ce moment au projet de route qui pourrait bientôt relier Aguas Calientes.
C’est justifié à mon avis, l’endroit pousse à la contemplation, complètement en inadéquation avec les tours organisés par les agences qui poussent les touristes à courir partout, et parfois à grimper impunément sur les enceintes ancestrales.

L'intihuatana, horloge solaire

L’intihuatana, horloge solaire

  • Pour écrire cet article je me suis principalement basée sur le captivant ouvrage de Sergio Vilela et José Carlos de la Puente : « El ultimo secreto de Machu Picchu »
  • Je vous invite aussi à vous rendre sur cette page, pour visionner une infographie 3D de Machu Picchu

On a trouvé Roswell Jacob

S’il y a énormément de sites archéologiques dans la région de Cuzco, on ne s’est pas contenté de ça, et on ne s’est pas privé pour arrêter notre bolide en cas d’envie (et en cas de grosse envie aussi).

Les condors au repos

Les condors au repos

Ainsi, sur la route rejoignant Pisac (vous vous souvenez, le mini Machu…), un perroquet perché sur le bord de la route a attiré notre attention. Comme on s’agglutinait contre la muraille pour prendre des clichés, le propriétaire des lieux, nous a ouvert les portes de son refuge ! Un refuge pour animaux en fait, abandonnés, maltraités, blessés, de contrebande, etc… on y a découvert des chats andins (en voie de disparition), des pumas, des sortes de lémuriens, des oiseaux dont je ne me souviens pas le nom, mais surtout une volière immense hébergeant 3 condors majestueux qu’ils ont fait voler en rase-motte au-dessus de nos têtes ! Un moment privilégié qu’on oubliera pas, d’ailleurs on s’est promis de retourner les voir à la première occasion !

 

Cuy roti, c'est par ici !

Cuy roti, c’est par ici !

La ville de Pisac, c’est aussi un immense marché d’artisanat, du genre à faire le bonheur d’Elvi et Françoise. Céramiques, tissage, peintures, il y a à peu près de tout ce qui se fait à la main sur les étals de la place centrale, organisés autour d’un arbre immense. La promenade est plaisante, on flâne, on discute avec les vendeurs – les prix surtout – et certains vident leur porte-monnaie…

Autre particularité des lieux : on y élève le cuy dans de véritables petits châteaux ! Particularité des-dits châteaux : ils sont adossés aux fours qui feront office de crématoriums aux châtelains ! Ambiance…

Dans le petit village de Chinchero, perché à près de 3500m d’altitude, on trouve un autre marché d’artisanat très coloré. Il attire bien quelques touristes mais il demeure un peu plus typique, voire plus sauvage, les innombrables étoffes s’étalant sur des bâches à même le sol.

Les étals

Les étals

Les dames en tenue traditionnelle pour la plupart, poursuivent leur production sur place, broderies, tissage ou autre, tout en hélant le touriste curieux : « comprame, por favooooor ! » entend-on un peu partout sur notre passage, ce que l’on traduirait par « achète chez moi, s’il te plaiiiiit ! »

On est encore reparti de là les bras chargés…

 

Les bassins de sel

Les bassins de sel

Du côté de Maras, on trouve une gigantesque exploitation de sel remontant à l’époque Inca ! Malgré cette ancienneté, le système resté en l’état, est toujours exploité aujourd’hui. Une source d’eau souterraine dépourvue de la moindre impureté et naturellement très salée vient alimenter quelques milliers de bassins étagés en terrasse (je dirais à peu près 4000, comme ça à vue de nez…), par un ingénieux réseau de canaux de distribution. L’écoulement de l’eau est parfaitement contrôlé, chaque parcelle se trouvant ainsi approvisionnée.

L’ensemble produit un décor assez stupéfiant, accroché au flanc d’une colline descendant dans une vallée de la cordillère des Andes, je vous laisse admirer.

On ne manquera pas non plus de se procurer un pochon de cet or blanc, dont on n’aura cesse de nous vanter les vertus thérapeutiques… je ne me sens pas pousser des ailes non plus, mais faut dire que je n’en prends pas à tous les repas…

Entre autres curiosités, nous nous sommes rendus à Sicuani, petite ville sans intérêt apparent, si ce n’est que non loin se trouvent des bassins d’eau naturellement chaude (40°C tout de même !). Les installations sont plutôt précaires, avec des petits geysers affleurant à même les pelouses. Les vestiaires sentant l’urine et les bassins en béton brut n’ont rien de très avenant, mais par contre quel régal d’y faire trempette à la tombée du jour, au milieu des montagnes aux sommets enneigés !

Un crâne d'ET !

Un crâne d’ET !

Andahuaylillas, bourgade charmante, est connu pour son église du XVIème siècle, surnommée la Chapelle Sixtine des Andes. Le plafond en bois et les façades intérieures sont entièrement peints, d’où le surnom, vous l’aurez compris. Malheureusement, à notre passage, l’ensemble était en pleine restauration et les photos interdites…
Autre curiosité, le petite musée pas loin est l’initiative privée d’un farfelu, qui expose des crânes déformés. On nous y explique comment l’un d’eux serait les restes d’un extra-terrestre ! Avouons que la ressemblance avec l’ami Roswell Jacob est flagrante (comprendra qui pourra…)

Les incas pour les nuls

Les Incas sont appelés ainsi parce qu’ils parlent Quechua, élèvent des alpagas, mâchent de la coca, adorent le dieu Inti, et ont permis aux Péruviens de boire de l’Inca-Kola.
Il s’agirait de ne pas confondre le peuple avec son empereur, nommé lui aussi Inca. C’est son titre, et en réalité, lui seul devrait porter ce nom. Il serait plus juste de parler de peuple Quechua, même s’ils n’ont pas créé le sac à dos ou la tente du même nom. Cependant, « Quechua-Kola », ça sonne beaucoup moins bien.

La naissance d’un peuple

Cusco, lithographie espagnole

Cusco, lithographie espagnole

Les Incas… pardon, les Quechuas… n’avaient pas de chevaux, pas d’outils en fer et n’avaient pas encore inventé la roue. En revanche, ils avaient sans doute inventé l’eau chaude, même si aujourd’hui encore, il n’y en a pas partout au Pérou. Ils n’écrivaient pas non plus de livres. C’est donc une légende qui raconte l’origine de ce peuple :
Le couple originel a été sorti des eaux du lac Titicaca par les dieux Viracocha, dieu créateur, et Inti, dieu du soleil. Ces deux premiers Incas ont lancé un bâton en or et fondé leur capitale à l’endroit où il est retombé, à Cuzco donc, « le nombril du monde » – ce qui représente un lancé d’environ 300 km, comme quoi, ils étaient prédisposés à réaliser de grandes choses.

Statue de Pachacutec

Statue de Pachacutec

Grands guerriers, de taille néanmoins modeste, ils s’imposèrent progressivement auprès des tribus voisines, dont la quinoa était plus appétissante. C’est après quelques siècles d’échauffourées, par un beau jour ensoleillé de l’an 1438, que l’empire Inca prit le pouvoir sous les ordres de l’Inca Pachacutec, 9ème de la dynastie, en anéantissant les derniers récalcitrants de la région. Cherchant à battre l’or tant qu’il était chaud, celui-ci poursuivit son expansion sur les hauts plateaux andins et jusqu’en Équateur dans le nord, ce qui fait, après calcul, un très long trek même équipé en Quechua !
La stratégie était d’une simplicité enfantine : fin diplomate, il proposait l’annexion à ses voisins, argumentant de manière très convaincante, sous la menace de ses forces armées. En cas de refus, évidemment, l’intervention militaire réglait le débat de manière radicale. Ainsi, l’expansion du territoire tout azimut prit des proportions phénoménales.

L’apogée d’un empire expansionniste

Au terme de sa campagne, du style napoléonien, Pachacutec avait conquis un vaste empire, Tahuantinsuyu comme on l’appelait, qui s’étendait dans les 4 directions depuis la capitale Cusco, le divisant tout logiquement en 4 secteurs : Chinchasuyu, Collasuyu, Contisuyu, Antisuyu (Nord, Sud, Ouest, Est).
Constitué d’une multitude de peuples querelleurs, il était maîtrisé par une présence militaire dissuasive et géré par une bureaucratie efficace – si tant est que ça puisse exister. Sans la paperasse, toutefois, ça reste plausible…

  • Une comptabilité rigoureuse était tout de même tenue, grâce aux Quipus, système de cordelettes à nœuds, indéchiffrables par le non-initié.
  • Les populations étaient délocalisées, calmant toute envie de rébellion, et remplacées par des colons, histoire d’imposer partout la culture inca : langue unique et culte du dieu Inti.
  • Le travail s’effectuait au service de la communauté, et le produit des récoltes redistribué aux populations. Comme quoi, Karl Marx n’a rien inventé…
  • Périodiquement, le gouvernement inca faisait la réquisition de la main d’œuvre afin de réaliser de grands travaux, remplaçant à son avantage toute forme d’impôt ou d’esclavage.
Cultures en terrasse

Cultures en terrasse

On doit ainsi à Pachacutec la construction d’une capitale imposante (dont le plan représenterait une forme de puma), des monuments importants comme le temple de Qoricancha ou encore la célèbre citadelle de Machu Picchu. Il fit construire un énorme réseau de routes, le Qhapac Nan ou « grand chemin » (connu aujourd’hui sous le nom de chemin de l’Inca), afin de communiquer rapidement avec ses provinces. Il développa les cultures en terrasse et ordonna des études d’agronomie afin d’optimiser la production agricole jusque dans les vallées les plus encaissées.

L’arrivée des conquistadors et le déclin de l’empire

Les Incas suivants poursuivirent l’œuvre de Pachacutec si bien que lorsque les premiers espagnols pointèrent leur nez en 1527, Huyna Capac était au pouvoir d’un empire qui s’étendait de la Colombie jusqu’à Santiago au Chili, recouvrant l’Equateur, le Pérou bien-sûr, la Bolivie et une partie du nord de l’Argentine (à l’époque, Le chemin de l’Inca représentait un réseau de 5000 km de routes pavées).
Comme tout un chacun, il mourut, par un jour funeste de la même année. Grande nouveauté cependant, il succomba à une maladie alors inconnue, venue d’Europe. Il laissa un empire en proie à une guerre civile, ses fils Huascar et Atahualpa, tout 2 prétendant au trône, se partageant le territoire.

Inca Atahualpa

Inca Atahualpa

Quand Francisco Pizarro débarqua en 1532, avec son armée de 180 hommes hirsutes et déguenillés, Huascar avait été fait prisonnier par son frère rival. Fort de son armée de plusieurs dizaines de milliers de guerriers aguerris, Atahualpa n’y vit aucune menace, les prenant même pour des dieux, le retour de Viracocha ayant été prédit. Une entrevue fut organisée entre Atahualpa et Pizarro, accompagné du prêtre Vicente Valverde. L’anecdote raconte que le prêtre tendit la bible à l’Inca en lui disant : « tiens, je vais te faire entendre la parole de Dieu » et que celui-ci la portant à son oreille lui répondit « je n’entends rien » et la jeta à terre. Ce geste déchaina la fureur des espagnols qui décimèrent l’armée Inca et firent prisonnier leur empereur. Une rançon fut exigée contre sa libération : autant d’or et d’argent que put contenir sa cellule. Le royaume fut ainsi pillé de ses richesses (qui n’en était pas pour les Incas pour qui l’or n’avait qu’une valeur décorative) et l’Inca Atahualpa fut exécuté malgré tout, à Cajamarca.

 

Inca Tupac Amaru

Inca Tupac Amaru

Décontenancés et décimés par les maladies (rougeole, variole,…) les indiens n’offrirent pas grande résistance à l’invasion espagnole qui s’ensuivit. Pizarro attisa même les rébellions et s’empara de Cuzco dans l’année. Dans la foulée, il fonda une nouvelle capitale sur la côte (Lima aujourd’hui). Un Inca fantoche et docile fut mis en place par les conquérants, l’Inca Manco Capac II. Cependant, ulcéré par les exactions espagnoles, il se décida à mener la révolte depuis la cité d’Ollantaytambo où il se réfugia. Il faillit réussir, mais épuisé, il fut contraint au repli dans la jungle.
Sa descendance tenta une ultime résistance, en vain. Le dernier Inca, Tupac Amaru fut capturé et exécuté en 1572, mettant un point final à la dynastie Inca.

A nous les petits français

En ce jeudi 9 février, fraîchement rentrés de l’île de Pâques, nous errions dans le centre historique de Lima, impatients d’être le lendemain. C’est en effet le 10 février, qu’atterrissaient nos premiers visiteurs, venus de France, j’ai nommé : Elvira, Alain accompagnés de Françoise, la tante d’Elvi. Sept mois que nous n’avions pas vu nos amis… Et là on trépignait (bon ok, c’est surtout moi qui trépignait, Kim, lui, n’est pas un trépigneur, mais un stoïque).

Le gore du gore

Le gore du gore

Comme il fallait bien s’occuper en attendant leur arrivée, on s’est payé le plus mauvais film de l’histoire du cinéma : « La vengeance de la bête »… Par exemple, il y a une scène où la bête (le méchant quoi) étrangle un bonhomme avec ses propres intestins, et après environs 12 minutes d’agonie de la victime, sa tête fait « blop! », et saute comme un bouchon de champagne, ce qui permet un plan très intéressant avec la caméra pleine de ketchup ! Disons que ça aide à passer le temps, et ensuite ça permet de décrire d’autres trucs que des paysages magnifiques sur le blog ;-).
Mais c’est qu’il a fallu aussi remplir la journée du lendemain, vu que l’avion de nos énergumènes ne se posait qu’à 19h… Du coup, comme c’était le 10 du mois, et que tous les 10 du mois, on se fait un bon resto romantique (et ce depuis bientôt 79 mois !), on a donc noyé notre longue attente dans le somptueux restaurant du grand chef Gaston Acurio (où nous avions déjà fait un passage en juillet dernier avec MiChan).
19h pétantes, telles deux piles électriques (bon ok, surtout une), nous scrutions les visages des passagers sortant du vol Madrid-Lima… Quand soudain, exactement comme c’était prévu, ils sont apparus et on était tous très contents et on s’est fait des bisous !

 

Cebiche au marché

Cebiche au marché

Et c’était parti pour quatre semaines d’aventures tous les cinq, et je peux vous affirmer qu’on n’a pas chômé !
La première partie de notre programme pas trop bien huilé mais quand même, consistait à glander deux jours à Lima, histoire pour nos voyageurs, de se reposer. Malheureusement, avec Kim, nous n’avions pas fait un choix très judicieux d’hôtel (il faut dire qu’en cette période de grandes vacances du continent sud-américain, nous n’avions pas non plus trop de choix). Il se trouve que chacune de nos chambres donnait sur une cour bâchée, et que sous la bâche se situait la piste de danse de la seule taverne autrichienne du pays ! Ambiance ambiance jusqu’à 5 h du mat !
Qu’ils étaient contents les copains ! Du coup, on y a quand même passé 2 nuits, et profité des journées dans la capitale pour visiter les couvents de San Francisco (photos interdites, les bâtards!), de Santo Domingo, avec son beau point de vue sur la ville depuis le clocher, un musée, le marché, où Alain à dégusté sa première ceviche d’une loooongue série.

Iles Ballestas

Iles Ballestas

Deux jours plus tard, donc, nous mettions cap au sud, avec l’idée de profiter de l’immense langue désertique côtière et de découvrir ses merveilles naturelles.
La première étape fût Paracas, un port de pêche / station balnéaire à environ 200km au sud de Lima. Le point de départ idéal pour visiter la réserve du même nom, créée en 1975 afin de protéger l’incroyable diversité de faune et de flore aussi bien aquatique que terrestre. La faune aquatique, justement lézarde toute l’année sur les îles Ballestas, au large de la péninsule. Depuis notre bateau nous avons eu tout loisir de mitrailler (de clichés, bien sûr) une multitude de pélicans, manchots de Humbolt, lions de mer et autres cormorans. Nous avons ensuite continué au moyen d’une expédition motorisée, traversant la réserve sur la terre ferme.

Oasis de Huacachina

Oasis de Huacachina

Escale suivante : Ica. La ville en elle-même n’est pas ultime, mais a l’avantage de se trouver tout près de l’oasis de Huacachina, elle-même en plein désert. Moi, je connaissais déjà l’endroit, mais mes compagnons ont été surpris par la splendeur et l’immensité de ce panorama, qu’ils ne s’attendaient pas à trouver au Pérou !
Dernière étape de cette fabuleuse costa, Nazca. Arrêt quasi obligé des touristes, la zone abrite le fantastique site des lignes de Nazca, art graphique archéologique que l’on doit à la civilisation trop méconnue du même nom. L’attraction incontournable, est de survoler le site où sont tracées ces gigantesques dessins, le ciel étant le meilleur mirador pour les admirer. Encore une fois, j’ai eu la chance d’observer ce patrimoine lors de mon précédant voyage, il y a huit ans, j’ai donc, cette fois-ci passé mon tour de manège en avionnette, histoire de faire une bonne grasse mat’ ! Apparemment, tout le monde était content, surtout Alain, qui était SUPER content (pour ceux qui ne suivent pas, ça veut dire qu’il a tout vomi !).
Notre première semaine de découverte tous les cinq s’est achevée ainsi, suivie par le bus de nuit, nous ramenant à Arequipa, où l’on avait hâte de présenter notre maison à nos amis !