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El Misti, histoire d’une ascension

Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire d’une petite promenade comme on en fait pas tous les jours ! C’est qu’à force de voir par ma fenêtre cette petite colline haute de 5822m qu’on appelle « El Misti », la tentation d’aller voir ce qui s’y trouve et d’y admirer la vue n’a cessé de me titiller ! Et moi, quand on me titille, on me trouve !
Et puis, ce dôme presque parfait est aussi l’emblême d’Arequipa qui s’étend juste à son pied, et de le voir représenté partout, ça a dû s’imprimer dans mon subconscient au point de devenir une évidence : j’allais m’approprier cette ville en réussissant (un jour) l’ascension de son plus grand symbole, nom d’une pipe !

Le Misti est partout

Le Misti est partout

Mais 5822 mètres !!! Tout de même, ce n’est pas rien… je n’ai rien d’un alpiniste, et plutôt les poumons d’un fumeur. C’est donc après une préparation intensive de 3 jours sans alcool que je m’embarque dans cette expédition folle avec Bast, l’habitué des hautes cimes, et Got et Nini, pionniers des sommets, comme moi.
Sur les 3500m de dénivelé depuis la maison, le début est de toute tranquillité puisqu’il s’agit d’atteindre en 4×4, l’entame du chemin. Et voilà 1100m de grimpette sans effort, et bien confortablement assis !
Le temps de prendre quelques clichés, nous voilà entrant dans le vif du sujet, chargés de nos vivres et matériel de camping, par un chemin de terre rocailleux.

Fort de sa grande expérience, Bast, très à l’aise dans son rôle de guide, nous mène à allure très modérée, parce que c’est là que réside le secret : « chi va piano, va sano » !

Une bonne grimpette en perspective

Une bonne grimpette en perspective

En pente douce d’abord, le chemin prend rapidement de l’inclinaison pour finir en lacets. La végétation devient rare, jusqu’à disparaitre presque entièrement, laissant place à du caillou, encore du caillou, et beaucoup de sable. Le terrain instable rend la progression un chouille plus compliquée, mais pas de quoi casser 3 pattes à un canard. On se fatigue raisonnablement, et malgré l’effort, nous profitons du moment, seuls dans cette immensité.

 

C’est en début d’après-midi que nous atteignons le campement de base situé à mi-chemin du sommet, à l’abri d’un gros rocher. Je m’offre le petit plaisir de la plus haute cigarette qu’il m’a été donné d’apprécier. C’est en contemplant le coucher de soleil sur une vue à couper le souffle que nous sentons tomber la fraicheur nocturne.

Coucher de soleil à plus de 4600m

Coucher de soleil à plus de 4600m

Le lendemain, nous attaquons les choses sérieuses dès 4h, sous une voute étoilée, à la lumière de la frontale, et accompagné de Fabiano, un Brésilien venu se greffer à nous (son groupe est parti à 1h !). En admirant les lumières de la ville en contre-bas, je me félicite déjà d’avoir passé une nuit sans souffrir de l’altitude. Mais en peu de temps, je me rends compte que ça n’a rien à voir avec l’effort de la veille… et pourtant on s’est délesté du sac à dos !

Tout en profitant d’un lever du jour somptueux, je me dis que je n’avais jamais respiré un air aussi pur, mais aussi rare en même temps ! En effet, la respiration s’accélère, et on s’essouffle plus vite, notre cadence en prend un coup, mais nous ne lâchons pas. Quelques maux de tête et des vertiges passagers viennent s’ajouter à la fatigue. Je comprends mieux pourquoi « monter » en espagnol se dit « subir »… C’est donc au mental que ça se finirait. Et pour le coup, le groupe a fait preuve de force et d’une solidarité sans mesure !

L'ombre du géant au lever du jour

L’ombre du géant au lever du jour

Après plus de 6h d’effort, l’objectif est en vue, nous arrivons à cette croix plantée à la cime ! Les douleurs et la fatigue font rapidement place aux effusions de joie ! La température négative est à peine perceptible, et nous savourons cet instant magique qui vient couronner nos efforts. Il m’est difficile de décrire le ressenti du moment, c’est un mélange de stupéfaction devant le panorama, d’immense satisfaction partagée, mais aussi personnelle, un sentiment de privilège, une impression de domination et de vertige devant la hauteur… c’est quelque chose d’assez particulier que de parcourir les étendues sans fin en contre-bas, simplement du regard… et puis, ce cratère…

Une fois digéré le moment, toute la fatigue contre laquelle je n’avais plus à lutter m’abat sur place, je ne résiste pas au besoin de m’allonger, le temps de reprendre mes esprits avant d’enchainer sur la descente. Excellente, la descente d’ailleurs : une vaste étendue de sable qu’on dévale à grandes enjambées comme des fous !

Le cratère vu du sommet

Le cratère vu du sommet

Cette petite escapade verra la fin du séjour de Bast&Ju et Got&Nini, qui enchaineront dans la foulée leurs aventures vers d’autres contrées. Je renouvelle mes félicitations et mes remerciements à tout le groupe pour cette formidable ascension, et à Bast en particulier pour ses précieux conseils et pour nous avoir organisé cette expédition et ouvert la voie jusqu’au sommet ! Et merci à Ju pour le Bracelet en macramé, il doit toujours se trouver là-haut !

Et j’ajouterais une petite mention pour la feuille de coca qui a sûrement contribué à supporter la fatigue !

Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde, j’espère bien y retourner avec Mag d’ailleurs, mais maintenant mon regard se porte vers Le Chachani et ses 6075m…

Une croix au sommet ! Mais pourquoi donc ?
On nous a raconté un jour, que cette croix avait été placée au temps de la conquête espagnole (comme sur toutes les autres cimes d’ailleurs) pour tenter d’évangéliser les peuples locaux qui vénéraient les sommets d’où coulaient les sources irrigant leurs terres. Et bien, pourquoi pas…

Canyon #1 : Colca

A en croire les innombrables agences de trek d’Arequipa, la randonnée au canyon del Colca est la principale activité touristique de la région. Il nous fallait donc voir ça de près, car vous nous connaissez, la rando, on a ça dans le sang… ou disons plutôt qu’on se saigne dès qu’on randonne !
En fait, Mag avait déjà repéré les lieux lors de son premier passage il y a 8 ans – elle s’était alors bien gardée de s’aventurer dans les profondeurs insondables de la vallée. Oui, car tout canyon se caractérise par sa profondeur, et celui-ci ne fait pas exception : avec ses 3400m de dénivelé, il a même été longtemps pris pour le plus profond du monde, avant d’être détrôné récemment (on en reparlera).

Gare routière d'Arequipa

Gare routière d’Arequipa

Après avoir écouté les récits de nos amis Bast&Ju et Bricoles, et autres routards croisés à l’hôtel, ou encore Pepe (notre proprio), il nous est apparu évident qu’il fallait y pénétrer pour découvrir sa vraie nature (bien placée, celle-là, ndlr), et ses petits villages perdus. Ce canyon pourrait même voir naître sa légende, suite à la disparition de Ciro, un jeune homme que l’on n’a toujours pas retrouvé après plusieurs mois (on aura aussi l’occasion de reparler de cette histoire qui fait toujours la une des journaux).
Nous voilà donc fièrement équipés avec chacun son bâton de rando étincelant, et chaussures de rando neuves pour Mag, attendant le bus à la gare routière, le sac à dos préparé pour 5 jours. Notre organisation au poil nous vaudra plusieurs heures d’attente pour cause d’autobus complet (no comment !), ce qui nous permet d’observer longuement la pagaille ambiante…

Chivay

Chivay

Chivay, à l’entrée du canyon, sera notre première étape après 3-4 heures de bus, passant par le col de Patapampa – 4900m – plus haut que le Mont Blanc ! voilà, ça, c’est fait !
Situé à (seulement !) 3700m, c’est un charmant village où il fait bien froid une fois la nuit tombée. C’est donc le bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles et les gants aux mains qu’on se promènera. Le lendemain, une chouette petite balade de 3km à peine nous conduira à la Calera, bains d’eau naturellement chaude – en fait, même refroidie de 80° à 35° – dans un panorama somptueux ! Bref, débuts plutôt peinards pour une rando… j’aime assez !

En début d’après-midi, on reprend un bus pour rejoindre Cabanaconde, par une piste longeant le haut du canyon. Le décor est splendide bien-sûr, inquiétant parfois, mais on se régale. En chemin, un couple de français en tour-du-monde-sac-à-dos montera dans le bus bondé, avec leurs 2 gamins de 2 et 5 ans…
Cabanaconde est le village d’où partent la plupart des treks, le panorama est toujours magnifique, avec ses cultures en terrasse, ses cimes, ses étendues rocailleuses, ses cactus. On ne s’en lasse pas, et on s’offre une petite promenade jusqu’au mirador surplombant la vallée avant l’heure du pisco sour.

Direction, le fond

Direction, le fond

Ce n’est que le lendemain qu’on entreprendra les choses sérieuses, au menu : descente au fond du canyon et remontée de l’autre côté jusqu’au village de Malata, village de Llahuar le lendemain et retour le jour suivant. Le chemin muletier qu’on emprunte traverse les terrasses de culture sur le plateau avant d’entamer une descente escarpée, vertigineuse, voire abyssale ! Le soleil cogne déjà fort, on transpire à grosses gouttes, les articulations souffrent sur les cailloux instables. On croise une péruvienne et sa maman agée, rejoignant l’arrêt de bus (6h de marche depuis leur village, principalement en montée raide), on croise aussi de nombreux touristes, exténués, la langue pendante et le souffle court… on angoisse rien que de penser au retour…

C’est après 2h à peine qu’un imprévu viendra tout chambouler : suite à une petite glissade, et se retrouvant le cul par terre, Mag s’aperçoit qu’une semelle de chaussure s’est fait la belle, et que la deuxième est sur le point d’en faire autant ! Oups ! Les pompes toutes neuves, ben… c’est de la daube made in Perou ! Bien, on s’est fait entuber sur l’achat, certes, mais le plus ennuyeux c’est que ça devient d’autant plus casse-gueule ! Changement de plan : on descend au fond où se trouvent des hébergements, pour rentrer dès le lendemain.

Sangalle (le fond) à l'approche

Sangalle (le fond) à l’approche

Une fois arrivés – 1200m de descente tout de même – et pas mal fatigués, la remontée du lendemain nous fait vraiment flipper. L’endroit s’appelle l’oasis de Sangalle, un coin de verdure luxuriant au milieu de toute cette rocaille, situé au bord du rio Colca. C’est vrai qu’on le voyait depuis longtemps… longtemps… longtemps lors de la descente qui n’en finissait jamais, avec ses grands palmiers et ses piscines, peut-être qu’on en rêvait tellement on grillait sous le cagnard ! Bref, c’est tout bien aménagé, des petites cabanes aux toits de palme, des piscines et des touristes en maillot de bain sur les transats, si bien qu’on se croirait un peu au club Med ! C’est assez incongru mais compréhensible étant donné la quantité de circuits organisés passant par là.
Après le réconfort de quelques Arequipeñas, nous partageons une table et sympathisons avec quelques touristes bien de chez nous (Julien, Emilie, Sébastien et Elodie). Eux, sont venus avec un guide qui prévoit d’entamer la remontée sans petit-déjeuner à 4h du matin pour éviter la chaleur (et d’y voir clair, ai-je envie de dire).

Direction, le fond

Direction, le fond

Pour notre part, on préfère partir après avoir pris des forces avec les premiers rayons du soleil. Commence alors un véritable calvaire, un chemin de croix interminable sous un soleil de plomb, avec des sacs à dos semblant s’alourdir, sur les 1200m de dénivelé (rappel) par le même chemin escarpé qu’à l’aller. Chaque pas nous coûte, le maillot s’imbibe de sueur, on se fait doubler par des touristes sur des mules, à leur aise. On aurait pu en louer aussi d’ailleurs, mais notre orgueil nous l’interdit, on se doit de réussir ce défi ! On hallucine en croisant des enfants péruviens qui gambadent dans la descente, sandales aux pieds…
Après 4 heures et au prix d’un effort impensable, on approche enfin du plateau, nos réserves d’eau sont épuisées (mais les sacs ne paraissent pas plus légers), à 3300m l’air semble se faire déjà rare rendant la progression toujours plus difficile. Reste alors à traverser les champs de culture, mais comme pour nous compliquer encore la tache, les campesinos choisissent cet instant précis pour ouvrir les vannes d’irrigation inondant les terrasses et les chemins, transformant les lieux en véritable labyrinthe !
C’est le dos en compote, le gosier sec et les jambes chancelantes qu’on atteint la place du village. On dévalise une vendeuse d’eau, et on grimpe dans le premier bus qui ne nous emmènera pas plus loin que Chivay, car complet jusqu’à Arequipa (no comment !). Ce soir-là, on verra de la pluie pour la première fois dans la région, et on se couchera exténué à 18h devant la télé. On rêvera de massage et de bains de pied, en jurant de mieux se préparer la prochaine fois, car mine de rien, la rando au Pérou, ce n’est pas comme aller cueillir des champignons…

Arequipa mais presque :)

Après 10 jours passés à silloner la côte nord, de Trujillo à Lima, c’est le coeur déchiré que nous avons rendu la yaris (snif!).
Finit le luxe de l’indépendance des déplacements!
En même temps, nous avions l’intention de passer les dix jours suivants (jusqu’à la fin du séjour de MiChan), posés au même endroit : Arequipa.

Arrivée à Arequipa

Arrivée à Arequipa

Pour nous y rendre, 1h20 d’avion avec Star Peru! Mais…. sommes-nous les maudits des compagnies aériennes? Quelques jours avant le vol, Star Peru nous envoie un petit mail des familles à caractère informatif : l’horaire du trajet que nous avions réservé quelques semaines plus tôt n’existe plus. Non, non, non, au lieu de 18h, il nous faudrait décoller à 6h du mat!
Nous pas contents! Nous protestons : si on nous contraint à partir aussi tôt, on va bien nous offrir une nuit au novotel de l’aéroport ? Ah non ? ça ne se fait pas ? Bon…. Alors on nous propose de voler avec une autre compagnie, le lendemain à une heure plus catholique : 19h00.
Tope-la (paf!), nous voyagerons avec Peruvian airlines.

Mais le lendemain, lorsque nous nous présentons à l’embarquement, Peruvian airlines n’a jamais entendu parler de nous, et on nous annonce que le vol est complet ! Bon sang de bonsoir, on vient de récupérer nos 45 valises à la consigne, on est chargé comme des mulets, et un taxi est sensé nous attendre à l’arrivée pour nous emmener à l’hôtel, qui est lui aussi déjà réservé ! Et surtout, nous n’avons pas du tout envie de passer une journée de plus à Lima. La moutarde nous monte au nez, du coup on squatte le comptoir de la peruvian en faisant les gros yeux, et finalement on réussi à embarquer à la dernière minute ! Ouf ! Comme quoi ça paie d’être un emmerdeur…
Au passage express à la sécurité, Michel réussira quand-même à se faire contrôler son bagage cabine et à se faire confisquer sa lime à ongle métallique qui avait fait le tour du monde…!

Arequipa, enfin !

Arequipa, enfin !

Cité blanche nous voilà!
On investit les chambres, on pose les sacs, et hop ! hop ! hop ! on sort sur la plaza de armas pour dîner, depuis le temps qu’on attend ça ! Il est déjà plus de 23h, la place est vide… C’est encore plus beau que dans mon souvenir, et ça semble bien plaire à Kim (ouf !). Ce premier contact depuis 8 ans avec la ville, pour moi est magique, j’avais quand même un petit peu peur de l’avoir trop fantasmée et d’être finalement déçue… mais non, je kiffe à donf ! Tout, l’architecture coloniale des rues, l’accueil dans le resto, la fraîcheur piquante de la nuit, le pisco siroté sous les arcades en admirant la cathédrale… Et en plus, je sais que j’ai tout mon temps pour en profiter !
Le lendemain matin, on décide tous les 4 de changer d’hébergement. Celui que nous avait fait réserver de force (le couteau sous la gorge) l’employée de l’hôtel (de la même chaîne) de Lima, est trop cher et bof ! Je propose donc à la petite troupe d’essayer l’hospedaje que j’avais occupée lors de mon précédant voyage et de laquelle je garde un excellent souvenir : le home sweet home!
Bien joué! c’est là que nous avons passé 10 jours formidables, grâce, bien sûr à la gentillesse et à l’hospitalité de Maria, la patronne que j’ai tout de suite reconnue (elle par contre, bizarrement, elle ne se souvenait pas de mes 3 nuits passées chez elle il y a 8 ans!) mais surtout grâce aux rencontres faites sur le toit-terrasse-cuisine… Des routards bien sûr! Julie et Bastien, en voyage pour 18 mois (au moins) en Amérique du sud et Chloé et Brice, pareil, mais pour 6 mois! Des bisounours qui nous manquent déjà!

Entre les petits dèj qui duraient toutes la matinée sur la terrasse (on se demande pourquoi ils sont restés deux semaines entières à Arequipa), à faire des bracelets, de l’assistance informatique, boire de la bière, préparer à manger en buvant de la bière, parler avec des belges (qui écoutent Jacques Brel), rentrer à 7 dans un taxi, visiter un magasin d’Alpaga avec le bestiaire qui va avec (et qui crache)… Et oui, tout ça, ça rapproche, et on vous attend de pied ferme pour votre prochaine visite à Arequipa les copains!

7 dans une japonaise

7 dans une japonaise

Atelier bracelets avec Julie

Atelier bracelets avec Julie

Dès le lendemain de notre arrivée, Kim et moi nous sommes mis en quête d’un appartement. Comment s’y prendre, quel budget moyen… Nous avions déjà notre petite idée sur la question bien sûr, mais là tout devenait concret…
Il a fallu multiplier les contacts, en parler autour de nous. Notre premier réflexe fut une visite à l’alliance française (très active à Arequipa). Là-bas, nous avons rencontré Helena qui passait par ici, et qui dans la foulée nous a fait visiter notre premier appartement dans le charmant quartier résidentiel de Yanahuara, à environ 30 min à pied du centre. Appart surper mignon, duplex meublé, avec toit terrasse, deux chambres … 800 $… Ouch!
notre budget max, c’est 500 $, on peut négocier?
Bon, finalement, nous avons multiplié pendant une semaine les visites dans des taudis ou dans des appartements luxueux sans trouver notre bonheur. Au moins, ça nous aura permis de découvrir la ville sous un angle moins touristique… Nous avons découvert des petits quartiers charmants, précisant chaque jour un peu plus les coins qui nous plaisaient.
Et puis un jour, Pepe nous a appelé.
Il avait entendu dire par l’ami d’un ami, que 2 français (on est célèbre!) cherchaient à louer à Arequipa… Et il avait quelque chose à nous proposer…
Dès qu’on est entré dans la maison, on a senti que c’était chez nous, pas moyen qu’elle nous échappe! 515 $, c’est au-dessus de notre budget, mais c’est là qu’on veut habiter, alors, au diable la varicelle!
C’est comme ça que, par un bel après-midi (en même temps, il fait toujours beau ici!) de juillet, nous avons emménagé calle Melgar, et c’est pas dommage !

518 Calle Melgar

518 Calle Melgar

Retour à la case Lima

Toute bonne chose ayant une fin, il nous fallait quitter Trujillo et notre charmant hôtel colonial pour reprendre la route de Lima. J’ai donc pris le premier « quart » aux commandes de la Toyota Yaris (non, ceci n’est pas une pub) pour emmener notre petite troupe au travers des paysages désertiques de la côte nord; direction Barranca, petite ville qui nous servira d’étape pour une nuit.

Panamericana

Panamericana

A propos, les voitures au Pérou sont souvent des Toyota, Mitsubishi, Daewoo et autres japonaises ou coréennes. Parfois, il nous arrive de croiser une coccinelle – ancienne version – mais c’est tellement rare qu’on en sauterait presque de joie.
Notre voiture de location, une Toyota donc, modèle Yaris (merci Hertz pour l’upgrade – et stop les pubs !), nous aura offert un certain confort tout au long de ce road-trip, malgré la suspension un peu molle – le bas de caisse gardera quelques séquelles des nombreux ralentisseurs que nous avons dû franchir…

Nous voici donc à nouveau sur la Panamericana, avalant l’asphalte, doublant les poids-lourds, enchainant les contrôles de la policia de carreteras… si bien que nous atteignons à nouveau Chimbote, ville portuaire manquant cruellement de panneaux indicateurs, et réussissons l’exploit de nous perdre une nouvelle fois, comme à l’aller, mais dans les barrios ce coup-ci, aux rues ensablées et sinistres ! C’est en faisant profil bas que nous avons demandé notre chemin au premier quidam qui passait, très serviable au demeurant.

Bain de pieds aux Tortugas

Bain de pieds aux Tortugas

De retour sur la route (un gros axe nord-sud quand-même, comment a t’on pu en dévier ?), nous fonçons tantôt à 80km/h, tantôt à 70, 60, 50 ou 35 selon les diverses limitations incompréhensibles, vers la Playa Tortugas du côté de Casma. Nous profitons d’un café (instantané, comme trop souvent) bien mérité sur une petite terrasse en bord de mer. Mag ne résistera pas à l’envie de tremper les pieds dans le Pacifique… n’empêche, c’est vrai que c’est pas tous les jours…

L’arrivée à Barranca n’a pas été triste non plus – manque de panneaux de signalisation / conducteur et co-pilote distraits – par un étroit chemin de campagne, plutôt qu’une route, et les suspensions ont une fois de plus montré des signes de faiblesse… Je pense comprendre maintenant pourquoi les 4×4 sont autant prisés dans ce pays…
La ville en elle-même n’a pas d’intérêt particulier, si ce n’est qu’elle est située non-loin d’une ruine Chimu (encore de la vieille pierre !). Cet ancien temple construit en brique d’adobe et aux allures de forteresse s’élève sur 4 niveaux au milieu des champs et des cultures. C’est son architecture qui fait penser à une place forte, d’ailleurs, un chemin de ronde permet d’en faire le tour. Ce serait suite à la conquête par les Incas (encore eux) que le temple aurait été fortifié et consacré au dieu Soleil. Aujourd’hui, on y vénère plutôt l’expression murale anarchique, comme en témoigne les nombreuses inscriptions gravées sauvagement dans les parois.

Petit-déj à Barranca

Petit-déj à Barranca

Après un bon petit-déj, certes habituel – jus de fruit / infusion ou café à base de concentré / sandwich à l’œuf et saucisse, miam ! – la visite du site archéologique ne nous prendra qu’une petite partie de la matinée, nous laissant le temps d’arriver à Ancon pour midi, et sans se perdre cette fois-ci! Oui, car à l’aller, on aurait dû y passer notre première nuit, vous vous souvenez (sinon allez voir ici) ? Et bien de jour, on y voit bien plus clair, on a trouvé de suite !

Ancon

Ancon

Cette ancienne station balnéaire des années 50, très prisée de liméens à l’époque, a conservé son petit port de pêche, si bien qu’elle est très appréciée des pélicans aujourd’hui ! Ils sont partout ! Après l’irrésistible séance photos, on se décide pour un restaurant de la jetée… enfin, quand je dis « on se décide », on a pris le premier ! En effet, comment choisir? Le spectacle, à notre arrivée, était peu commun: imaginez une quinzaine de restaurants, sinon plus, identiques, tous alignés côte à côte sous un immense abris de plein air, proposant tous la même carte à base de poissons, de fruits de mer (et de ceviche bien-sûr), et dont les serveuses, en nous voyant, s’agitent toutes en donnant de la voix pour nous attirer à leur table plutôt que celle d’à côté !

Ancon

racolage à la ceviche

Lima

Rue de Lima

Après cet intermède bien divertissant, nous achevons enfin notre périple dans Lima en rendant la voiture, et loupant l’accès au parking une première fois bien-sûr, sinon ce n’est pas drôle.
Une fois n’est pas coutume, et comme c’était la première fois, on se fait embobiner par le chauffeur de taxi qui nous emmenait vers l’hôtel de notre choix, et nous allons à celui qu’il propose. Pas contents ! On n’a pas de lits doubles et ils n’ont de la place que pour un soir (sur les 2 qu’on souhaite passer à Lima) ! Seulement, il fait déjà nuit, on n’est pas sûr de trouver ailleurs, et on n’a pas envie de remonter dans le taxi pour chercher. Bref, on reste, mais pas contents ! D’autant plus qu’on savait qu’il fallait se méfier… ben voilà, ça c’est fait, mais on ne nous y reprendra plus !

La capitale péruvienne est fidèle à sa réputation : brumeuse, pluvieuse, surpeuplée, polluée, bruyante, et j’en passe… c’est une ville qu’on subit, mais on ne s’y ennuie pas, je dirais même qu’on y trouve quelques perles rares, pour peu d’avoir la chance de tomber dessus. Exemple, une parade immense organisée pour le centenaire de la découverte du Machu-Pichu, avec des troupes de musiciens et danseurs en tenues traditionnelles ! Ou encore, au hasard d’une ballade un soir, en tombant sur le restaurant Astrid&Gaston, une des 50 meilleures tables au monde ! Et sinon, il faut bien avouer que le centre historique conserve quelques merveilles d’architecture coloniale !

En vrac, nous avons aussi visité un petit musée de la gastronomie péruvienne qui nous a rappelé une fois de plus qu’on mangeait bien, visité un centre commercial accroché à une falaise, pris notre premier collectivo du séjour, et vu notre premier lama lors d’une ballade sur les berges du rio Rimac…

Centenaire du Machu, Lima

Centenaire du Machu, Lima

On vous décrira plus longuement ces activités une autre fois… si on est motivé… si on trouve le temps… si le Pérou gagne la Copa America… ah non mince, ils ont perdu en demi !… Bon allez, on le fera parce que vous le valez bien, mais une autre fois… parce qu’après Lima, c’est… AREQUIPA!!!

Les fabuleuses pyramides moches

La culture Moche (ou Mochica, terme que j’emploierai pour éviter les jeux de mots à 2 soles) était un état militaire théocratique qui s’étendait de Piura à Casma sur la côte nord du Pérou.

Céramiques (musée de la Huaca de la Luna)

Céramiques (musée de la Huaca de la Luna)

Il y avait la classe dirigeante des prêtres et des guerriers, la classe urbaine constituée d’artisans et de commerçants, et enfin la classe rurale.
Les Mochicas étaient de grands bâtisseurs, avec d’excellentes compétences en irrigation (n’oublions pas qu’ils vivaient dans un désert) et sont reconnus pour leurs céramiques, considérées comme les plus délicates et harmonieuses de l’ancien Pérou.

La Huaca del Sol depuis la Huaca de la Luna

La Huaca del Sol depuis la Huaca de la Luna

La capitale de l’empire couvrait environ 1 km². Installée au flanc du Cerro Blanco, elle était dominée par deux structures monumentales : la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna.
Ce complexe archéologique passionnant est situé à 10 kms de Trujillo. En plus des deux pyramides, on trouve un musée tout neuf, extrêmement intéressant et pourvu d’une multitude d’objets aux explications détaillées et captivantes.
L’exploitation du site est financée depuis 1991 par la fondation Backus (La plus grande brasserie du pays, propriétaire de « Arequipeña », « Cuzqueña », « Pilsen » et j’en passe!), par l’université de Trujillo et par l’état français, entre autres nombreux mécènes.

La reconstitution de la Huaca de la Luna

La reconstitution de la Huaca de la Luna

La visite du site (10 S/. par personne, soit 2.50 Euros) commence par le musée, bien sûr et enchaîne par la visite guidée de la Huaca de la Luna.
La Huaca del Sol est fermée à la visite. En effet les fouilles n’ont débutées qu’il y a 2 mois!
Ce que je peux vous dire, c’est qu’elle fut construite en adobe, sur une base rectangulaire de 230 m sur 135 et qu’elle mesure 40 m de haut. On pense que ce monument colossal était dédié à l’administration.

En face, la Huaca de la Luna tenait, elle, un rôle religieux. Plus petite, en adobe également, sa base est de 80 m sur 60 et sa hauteur de 21m.
Son nom, inventé par les colons espagnols, n’a aucun lien avec la réalité des Mochicas, qui ne vénéraient absolument pas la lune (comme les Chimus) ou le soleil (comme les Incas). Elle semble même avoir été dédiée à un dieu unique, Aï-Apaec, représenté un peu partout dans le temple.
La construction de l’édifice aurait débuté vers 100, et continué jusqu’en 700. Pourquoi tout ce temps me direz-vous bande de petits curieux? Et bien parce que, cycliquement, tous les 100 ans environ, les Mochicas en avaient marre! Ils recouvraient l’ancien temple, et en reconstruisaient un autre par-dessus (quel casse-tête pour les archéologues!).
Au final, la pyramide était constituée d’au moins cinq temples superposés!

Huaca de la luna. Coupe des différentes périodes

Huaca de la luna. Coupe des différentes périodes

La civilisation Mochica déclina doucement à partir de 800. On suppose qu’elle ne pu faire face à un enchaînement de catastrophes naturelles.
La culture Sican se développa dans la région, suivie par la civilisation Chimu.
Bien que la capitale Mochica fut abandonnée, les Chimus se réapproprièrent la Huaca de la Luna à des fins cultuelles entre 1100 et 1400.
Ce qui démontre une continuité culturelle entre Mochicas et Chimus.

Chan Chan, la cité chimu

Vers le début du Xème siècle, alors que le monde andin est morcelé d’une multitude de seigneuries, émerge le royaume de Chimu, sur la côte nord du Pérou, dans la zone d’influence Mochica.
Les ruines de Chan Chan constituent le principal témoin de cette civilisation et l’un des sites archéologiques les plus importants de culture précolombienne.

Maquette de la partie visitable de Chan Chan

Maquette de la partie visitable de Chan Chan

La cité de Chan Chan, fut construite vers l’an 900, en adobe. Elle devait atteindre environ 20km² et sa population est estimée à près de 80 000 personnes à son apogée.

La ville était entourée d’immenses étendues de terres irriguées par des canaux et des aqueducs, assurant ainsi la subsistance des habitants.
A l’intérieur, on trouvait des temples, des palais, des entrepôts, des habitations, des places, des ateliers d’artisans, des marchés, ainsi qu’un vaste réservoir d’eau potable alimenté par la nappe phréatique.
A partir du XIVème siècle, l’état Chimu soumet les ethnies des vallées voisines. Son expansion est telle qu’elle commence à se heurter, par le sud et l’est, à l’impérialisme inca, qui finalement, allait être fatal aux chimus. Ils furent conquis par les incas en 1470. Ces derniers détournèrent et obstruèrent les canaux reliant la cité au fleuve afin d’obtenir la capitulation.

En rouge: les Chimus; En jaune : les Incas

En rouge: les Chimus; En jaune : les Incas

Bijoux chimus (Musée archéologique de Trujillo)

Bijoux chimus (Musée archéologique de Trujillo)

Les souverains chimus vivaient dans le luxe, comme en témoignent les céramiques finement décorées et les riches parures d’or, d’argent et de cuivre retrouvées dans les sépultures.
Contrairement aux incas, ils considéraient le soleil comme néfaste, certainement en raison de la chaleur destructrice qui régnait dans le désert où ils vivaient.
Du coup, ils vénéraient la lune, à laquelle ils sacrifiaient des enfants (entre autres), et restaient liés à la mer, comme en témoignent tant d’éléments décoratifs de Chan Chan.

On peut y admirer des motifs récurrents d’animaux marins (loutres de mer, pélicans, poissons), de filets de pêche, de vagues.
Le palais de Tschudi est la seule structure de Chan Chan à avoir été complètement restaurée et ouverte à la visite.
La cité de Chan Chan fut décrétée patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO en 1986.

Chan Chan

Chan Chan