La Paz en imaz !
Voici les photos de notre séjour à La Paz
4 jours dans le Sud Lipez et le Salar d’Uyuni
C’est depuis Tupiza que nous décidons de parcourir le sud de la Bolivie : un circuit de 1000km de pistes en 4×4 pendant 4 jours ! But ultime de notre périple bolivien, c’est aussi pour partager cette aventure énorme que nous avions retrouvé Got et Nini, nos formidables compagnons !
Avec Miguel, notre chauffeur, le Sebastien Loeb du coin, et le jeune Alvaro, notre chef-cuistot en culotte courte, nous formions une sacrée belle équipe de vainqueurs !
C’est donc dans la joie et la bonne humeur que nous avalons les kilomètres, traversant des paysages époustouflants, mêlant déserts, cimes enneigées, lagunes de toutes les couleurs, formations rocheuses, villages isolés, et j’en passe… au travers de ces hauts-plateaux à plus de 4000m d’altitude, où nous trouvons des refuges pour la nuit (très fraiche !)
Plutôt qu’un récit détaillé, on vous livre une (vaste) sélection de nos meilleurs clichés, à découvrir :
- une ville fantôme, vestige d’une ruée vers l’or
- des lagunas (pas la voiture, hein) et des flamants roses en pagaille
- des bains d’eau chaude naturelle, dont on a pu profiter seuls tous les 4 !
- la laguna verde et le volcan Licancabur (5916m)
- des geysers
- la laguna colorada, splendide lac aux couleurs chatoyantes
- un arbre de pierre, et d’autres formations rocheuses improbables
- des viscachas, suris, lamas, vigognes, un renard, un colibri !
- des ossements humains, témoignage d’un passé lointain
- un hôtel entièrement fait de sel (les murs comme les meubles !)
- le fameux salar d’Uyuni, immense désert de sel de 12500km², une plaine s’étirant jusqu’à l’horizon, inspirant le photographe
- le volcan Tunupa (5430m)
- un cimetière de trains à vapeur
Autant dire qu’on en a pris plein la vue !
C’est au terme de ce périple et avec des souvenirs inoubliables, autant pour les paysages que pour les moments partagés ensemble, que nos chemins se séparent. Got et Nini poursuivent leur route vers le Chili alors que nous remontons à La Paz, une ville incroyable encore une fois, dont on vous parlera lors d’un prochain post.
Photosi !
Et voici les photos de notre étape à Potosi.
Vie ma vie de mineur à Potosi
Potosi est l’une des villes de plus de 100 000 habitants les plus hautes du monde (4090m).
Elle fut construite par les espagnols en 1545, au pied du Cerro Rico « La montagne riche », dans le but d’exploiter ses mines d’argent. Encore aujourd’hui, l’expression « vale un Potosí » ( « ça vaut un Potosí » s’emploie en espagnol à peu près avec le même sens que l’expression française « c’est le Pérou », dont l’origine historique est la même.
Grâce à l’argent extrait par le travail forcé des indiens, la ville devient, pendant la conquête, la plus peuplée d’Amérique avec plus de 200 000 habitants. On dit qu’avec la quantité d’argent extraite des mines, on pourrait construire un pont reliant Potosi à Gibraltar au-dessus de l’Atlantique, et que les ossements des mineurs qui ont péri à cause des conditions de travail y suffiraient également.
Après 1800, l’argent se fait rare, et l’étain devient la première ressource.
Aujourd’hui, bien que déclarées épuisées, les mines sont toujours exploitées artisanalement par les habitants, dans des conditions de sécurité toujours désastreuses pour les mineurs.
C’est justement avec l’idée de rendre visite à ces mineurs que nous avons débarqué dans cette ville, dont le charmant centre historique est classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Ruelles étroites pavées, balcons en bois sculptés et édifices religieux richement décorés, témoignent d’un passé opulent.
On fera une étape d’une nuit à la Casona, vieille demeure coloniale transformée en Auberge pour routards.
C’est à 8h30 le lendemain matin qu’on entreprend la visite des mines Got, Kim et moi (Nini est restée à l’hôtel pour alimenter son blog). Parés d’un équipement adapté (sur-pantalon, veste, bottes en caoutchouc et casque à lampe), nous voilà partis! Une première étape au marché pour acheter des présents pour les mineurs : gants, feuilles de coca, soda et alcool à 96° que c’est même pas pour désinfecter des plaies!!!
Nous arrivons à l’entrée du boyau, prêts à pénétrer la montagne, mais avant, petite séance photos dans un wagonnet, histoire de dire « on y était! » : une photo avec Got, une photo avec Kim, et je descends pour prendre la photo de Got et Kim, et là, boum badaboum crack! Une cheville en moins!
Après m’être roulée par terre, avoir insulté ma mère (pardon maman!) et renié dieu, je décide quand-même de continuer parce que je suis une guerrière!
C’est tout simplement contre son instinct naturel de survie que de rentrer là-dedans. Ca n’est pas juste extrêmement désagréable, c’est dur. On marche dans le noir, courbé, respirant un air rare et chargé de poussière. Parfois, on rampe carrément dans les galeries.
Notre guide, Johnny, est super, il sait nous détendre tout en étant à notre écoute, et il sait répondre à toutes nos questions, c’est un ancien mineur!
Enfin nous rejoignons un groupe de 3 mineurs, tous de la même famille, ils travaillent toujours ensemble. On est mineur de père en fils/mère en fille. Pas vraiment d’autre activité dans la région, pas d’entreprise, pas d’industrie (si ce n’est celle qui transforme la matière brute en matière première). Tout s’articule autour de la mine.
Le plus jeune du groupe, Ivan, a 19 ans, tous ont commencé à travailler depuis l’âge de 15 ans environ (c’est aujourd’hui interdit de faire travailler les mineurs dans la mine… euh 🙂
Mais que font-ils? Ouh la la, ils préparent de la dynamite!!! Tous aux abris… nous allons nous réfugier 10 m plus loin, dans un boyau voisin… et boum! Un boum sourd et très court, plus impressionnant par l’onde de choc que par le bruit. Bon, ça c’est fait!
Et c’est là que ça devient intéressant, que cette visite prend tout son sens : nous nous asseyons tous ensemble, mineurs et gringos, nous discutons. Nous les interrogeons sur tous les sujets, saufs sur les accidents, ça, c’est tabou!
Nous plaisantons et buvons (et oui, de l’alcool à 96 °!), trinquons avec pachamama, nous mâchons des feuilles, le guide prend même le temps de me masser la cheville avec de l’alcool (finalement à usage médical aussi!).
Quand on est mineur, on a une espérance de vie de 55-60 ans.
On ne mange pas dans la mine pour éviter d’avoir à aller aux toilettes, parce que les gaz dégagés par les matières fécales sont toxiques et qu’on ne peut pas trop trop aérer dans le coin. Alors on mâche des feuilles toute la journée pour couper la faim, et on boit pour se réchauffer. Et à la fin de la journée, après 8 heures passées à creuser la montagne, on a gagné 60 bolivianos, c’est-à-dire environ 6 euros.
De quoi nous faire relativiser nous, pauvres gringos, entorses, maux de crânes et les 2 petites heures inconfortables sous terre…
2 heures tellement stimulantes! Jamais je n’oublierai ce moment.
4 copains, 1 Sucre
Après 2 mois de boulot intensif, il était temps pour nous de se dégourdir un peu les jambes ! On s’est donc octroyé 2 semaines de vacances, direction la Bolivie, histoire de découvrir de nouveaux paysages !
Nous sommes arrivés à Sucre samedi 15 octobre après 2 jours de bus (Arequipa-Puno: 7h, Puno-Copacabana : 4h30, Copacabana-LaPaz : 4h, La Paz-Sucre : 13h).
L’idée du départ, c’était plutôt d’arriver le dimanche matin après une nuit à La Paz, mais voilà, on ne fait pas toujours comme prévu (même jamais, en fait !). En arrivant à La Paz vendredi à 17h, on se renseigne auprès des compagnies de bus pour prendre un trajet La Paz-Sucre de nuit pour le lendemain, mais il y a un hic, nous explique-t-on : Ce week-end, c’est les élections (des juges), donc, pas de bus avant lundi (normal quoi !), sinon, on peut aussi partir dans 2h…
Bon, bah, ok alors, on doit y être absolument dimanche pour visiter le marché de Tarabuco aux alentours de Sucre avec Got et Nini, alors on n’hésite pas ! On enchaine donc avec 13h de bus supplémentaires, mais cette fois-ci, dans un bus cama, c’est-à-dire avec des sièges hyper larges qui s’inclinent presque à 180°, avec un bon chauffage et des couvertures, le luxe quoi !
Nous débarquons donc samedi à Sucre à 9h du mat, direction l’hôtel Colón où nous attendent Got et Nini… Ah mais non, en fait ils ne nous attendent que le lendemain, quand on arrive, ils sont partis en vadrouille les vilains, les retrouvailles seront donc repoussées… En attendant, nous aussi on va se promener !
Étonnamment Sucre doit son nom, non pas à une betterave, mais au maréchal Antonio José de Sucre, un des libérateurs du continent sud-américain. Les gens de la région la considèrent comme la seule capitale du pays, en effet, c’est la capitale constitutionnelle de la Bolivie, alors que La Paz n’est « que » le siège du gouvernement. Pour nous, cette ville ne ressemble en rien à l’idée qu’on se fait d’une capitale, c’est plutôt un gros bourg paisible et prospère, avec de jolis jardins et une architecture harmonieuse (coloniale).
Après un almuerzo au marché central, on décide de rentrer faire la sieste à l’hôtel en attendant Got et Nini. Mais quand on arrive, c’est eux qui nous attendent ! La sieste sera pour plus tard, nous avons trop de choses à nous raconter depuis leur séjour d’une semaine à la maison ! En discutant, on comprend vite que la visite au marché de Tarabuco est compromise… les élections… On nous le confirme : « Aucun véhicule ne circulera dimanche en Bolivie ». Apparemment c’est pour éviter que les gens aillent voter dans plusieurs départements. Mais le pire de tout, c’est qu’à cause de ces %$#!*% d’élections, la vente d’alcool est interdite (parce que voter bourré c’est mal) jusqu’à lundi !!! Mais comment on fête nos retrouvailles nous ? Bon, finalement, après avoir beaucoup cherché, on trouvera une épicière rebelle qui voudra bien nous vendre 2 bouteilles d’auténtica en douce !
Après une journée de dimanche sans voiture, laissant la rue aux enfants, cyclistes, chiens et autres promeneurs ravis de profiter de cette tranquillité, nous nous dirigerons vers Potosi.
Prochainement : alcool à 96°, dynamite, cheville en vrac et feuilles de coca !