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Canyon #2 : Cotahuasi

Après notre petit séjour dans le canyon du Colca, je m’était jurée : « Plus jamais de trek ! « , Vous savez, un peu comme après une bonne cuite, le lendemain, en pleine gueule de bois, on dit : « je ne boirai plus jamais » (perso, ça m’arrive régulièrement de me dire ça).

Retour à Cotahuasi

Retour à Cotahuasi

Pourtant, notre virée au Colca s’était révélée formidable. Les pueblos pittoresques, les habitants accueillants, les rencontres autour d’une bière… Et quels qualificatifs employer pour les paysages traversés? Splendides, majestueux… Supers chouettes quoi…!
Mais l’embêtant, c’est que pour explorer un canyon, il faut y descendre et ensuite, forcément, remonter… Et moi, monter, j’aime pas ça, ça essouffle, vous voyez, et moi, être essoufflée, j’aime pas ça, ça me gâche le panorama!
Donc, je m’étais dit : « plus jamais », en tout cas, pas tant qu’ils n’auront pas installé d’escalators.
Et puis, Ju et Bast ont débarqué ! Avec leurs corps tout musclés de randonneurs, leur philosophie toute mielleuse de sportifs avérés, et leur bouche en cœur, ils m’ont eue ! Tout en dégustant ensemble des pancakes (banane/confiture de lait), et en sirotant des piscos sour, ils ont immiscé l’idée dans nos faibles cervelles qu’on pourrait peut-être, éventuellement, un de ces jours, se payer une ch’tite balade à Cotahuasi, le canyon LE plus profond du monde (pas le 2e, hein, le 1er!!!).

Ju et Mag sur le pont

Ju et Mag sur le pont

Pour s’y rendre, nous devons parcourir les quelques 400kms qui séparent Arequipa du village de Cotahuasi, en pas moins de 10h de bus. Le trajet se déroule de nuit, et la route n’est goudronnée que sur une portion de 200kms, après, c’est de la piste! On débarque sur la Plaza de armas de Cotahuasi à 2h45, et on se prend une chambre d’hôtel pour attendre le lever du soleil (et accessoirement, pour dormir un peu). La situation du village, qui est quasiment niché au fond du canyon, est merveilleuse, les sommets nous surplombent, les parois du canyon sculptées en terrasses. Ici, pas de touristes, nous serons, tout le séjour, les seuls gringos à faire l’attraction des villageois amusés, et fiers de leur patrimoine :
Cotahuasien : -« Vous connaissez le canyon du Colca? »
Nous: -« oui »
Cotahuasien : -« Alors, c’est lequel le plus beau, Colca ou Cotahuasi? »
Nous : -« Cotahuasi, évidemment! »
Le matin, après un bon p’tit dej dans un comedor, promenade aux alentours avec visite d’un pont suspendu (ouch! c’est haut…!) en attendant le collectivo qui nous amènera à Charcana, l’endroit où commencera notre trek.
Là, encore, nous renonçons à la tente, les filles pas en top forme (Julie : mal au ventre, moi : mal à la tête) nous dormirons donc chez l’habitant!

Charcana, le cimetière

Charcana, le cimetière

Le lendemain, on entreprend une balade au dessus du village (il a fallu monter!!! pff!), pour pouvoir admirer, outre la vue depuis là-haut (3970m), un cimetière tout mignon, trois hommes carrément pompettes à 9h du mat (qui m’appelaient « gringita »), trimbalant un étrange instrument, et des peintures rupestres (promo section grande maternelle 2010?).
Après ça, c’est parti, on descend tout au fond du canyon ! Mes nouvelles chaussures de marche sont formidables : elles gardent toutes leurs semelles, et elles sont roses!
La descente jusqu’à la rivière nous prendra environ 4 h et s’avèrera, quoi qu’en dise JuBast, vraiment raide. Mais la difficulté est largement compensée par la magnificence du site (réserve naturelle protégée depuis 2005), la diversité de la végétation (surtout des cactus!), l’harmonie entre l’homme et la nature, attestée par la contemplation des cultures en terrasses, admirablement adaptées au paysage.

Charcana

Charcana

On bivouaquera sur une esplanade dominant la rivière, semée de plantes grasses et épineuses, repus de soupe chinoise lyophilisée.
On rejoindra au petit matin l’arrêt du collectivo journalier à Velinga, qui nous ramènera à Cotahuasi, et on jouera des coudes pour obtenir une place assise.
Le soir, retour à Arequipa par le bus de nuit, la tête pleine d’étoiles, déplorant de n’avoir profité de cet endroit sublime que pendant 3 jours… C’est sûr, on y retournera à Cotahuasi!

Canyon #1 : Colca

A en croire les innombrables agences de trek d’Arequipa, la randonnée au canyon del Colca est la principale activité touristique de la région. Il nous fallait donc voir ça de près, car vous nous connaissez, la rando, on a ça dans le sang… ou disons plutôt qu’on se saigne dès qu’on randonne !
En fait, Mag avait déjà repéré les lieux lors de son premier passage il y a 8 ans – elle s’était alors bien gardée de s’aventurer dans les profondeurs insondables de la vallée. Oui, car tout canyon se caractérise par sa profondeur, et celui-ci ne fait pas exception : avec ses 3400m de dénivelé, il a même été longtemps pris pour le plus profond du monde, avant d’être détrôné récemment (on en reparlera).

Gare routière d'Arequipa

Gare routière d’Arequipa

Après avoir écouté les récits de nos amis Bast&Ju et Bricoles, et autres routards croisés à l’hôtel, ou encore Pepe (notre proprio), il nous est apparu évident qu’il fallait y pénétrer pour découvrir sa vraie nature (bien placée, celle-là, ndlr), et ses petits villages perdus. Ce canyon pourrait même voir naître sa légende, suite à la disparition de Ciro, un jeune homme que l’on n’a toujours pas retrouvé après plusieurs mois (on aura aussi l’occasion de reparler de cette histoire qui fait toujours la une des journaux).
Nous voilà donc fièrement équipés avec chacun son bâton de rando étincelant, et chaussures de rando neuves pour Mag, attendant le bus à la gare routière, le sac à dos préparé pour 5 jours. Notre organisation au poil nous vaudra plusieurs heures d’attente pour cause d’autobus complet (no comment !), ce qui nous permet d’observer longuement la pagaille ambiante…

Chivay

Chivay

Chivay, à l’entrée du canyon, sera notre première étape après 3-4 heures de bus, passant par le col de Patapampa – 4900m – plus haut que le Mont Blanc ! voilà, ça, c’est fait !
Situé à (seulement !) 3700m, c’est un charmant village où il fait bien froid une fois la nuit tombée. C’est donc le bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles et les gants aux mains qu’on se promènera. Le lendemain, une chouette petite balade de 3km à peine nous conduira à la Calera, bains d’eau naturellement chaude – en fait, même refroidie de 80° à 35° – dans un panorama somptueux ! Bref, débuts plutôt peinards pour une rando… j’aime assez !

En début d’après-midi, on reprend un bus pour rejoindre Cabanaconde, par une piste longeant le haut du canyon. Le décor est splendide bien-sûr, inquiétant parfois, mais on se régale. En chemin, un couple de français en tour-du-monde-sac-à-dos montera dans le bus bondé, avec leurs 2 gamins de 2 et 5 ans…
Cabanaconde est le village d’où partent la plupart des treks, le panorama est toujours magnifique, avec ses cultures en terrasse, ses cimes, ses étendues rocailleuses, ses cactus. On ne s’en lasse pas, et on s’offre une petite promenade jusqu’au mirador surplombant la vallée avant l’heure du pisco sour.

Direction, le fond

Direction, le fond

Ce n’est que le lendemain qu’on entreprendra les choses sérieuses, au menu : descente au fond du canyon et remontée de l’autre côté jusqu’au village de Malata, village de Llahuar le lendemain et retour le jour suivant. Le chemin muletier qu’on emprunte traverse les terrasses de culture sur le plateau avant d’entamer une descente escarpée, vertigineuse, voire abyssale ! Le soleil cogne déjà fort, on transpire à grosses gouttes, les articulations souffrent sur les cailloux instables. On croise une péruvienne et sa maman agée, rejoignant l’arrêt de bus (6h de marche depuis leur village, principalement en montée raide), on croise aussi de nombreux touristes, exténués, la langue pendante et le souffle court… on angoisse rien que de penser au retour…

C’est après 2h à peine qu’un imprévu viendra tout chambouler : suite à une petite glissade, et se retrouvant le cul par terre, Mag s’aperçoit qu’une semelle de chaussure s’est fait la belle, et que la deuxième est sur le point d’en faire autant ! Oups ! Les pompes toutes neuves, ben… c’est de la daube made in Perou ! Bien, on s’est fait entuber sur l’achat, certes, mais le plus ennuyeux c’est que ça devient d’autant plus casse-gueule ! Changement de plan : on descend au fond où se trouvent des hébergements, pour rentrer dès le lendemain.

Sangalle (le fond) à l'approche

Sangalle (le fond) à l’approche

Une fois arrivés – 1200m de descente tout de même – et pas mal fatigués, la remontée du lendemain nous fait vraiment flipper. L’endroit s’appelle l’oasis de Sangalle, un coin de verdure luxuriant au milieu de toute cette rocaille, situé au bord du rio Colca. C’est vrai qu’on le voyait depuis longtemps… longtemps… longtemps lors de la descente qui n’en finissait jamais, avec ses grands palmiers et ses piscines, peut-être qu’on en rêvait tellement on grillait sous le cagnard ! Bref, c’est tout bien aménagé, des petites cabanes aux toits de palme, des piscines et des touristes en maillot de bain sur les transats, si bien qu’on se croirait un peu au club Med ! C’est assez incongru mais compréhensible étant donné la quantité de circuits organisés passant par là.
Après le réconfort de quelques Arequipeñas, nous partageons une table et sympathisons avec quelques touristes bien de chez nous (Julien, Emilie, Sébastien et Elodie). Eux, sont venus avec un guide qui prévoit d’entamer la remontée sans petit-déjeuner à 4h du matin pour éviter la chaleur (et d’y voir clair, ai-je envie de dire).

Direction, le fond

Direction, le fond

Pour notre part, on préfère partir après avoir pris des forces avec les premiers rayons du soleil. Commence alors un véritable calvaire, un chemin de croix interminable sous un soleil de plomb, avec des sacs à dos semblant s’alourdir, sur les 1200m de dénivelé (rappel) par le même chemin escarpé qu’à l’aller. Chaque pas nous coûte, le maillot s’imbibe de sueur, on se fait doubler par des touristes sur des mules, à leur aise. On aurait pu en louer aussi d’ailleurs, mais notre orgueil nous l’interdit, on se doit de réussir ce défi ! On hallucine en croisant des enfants péruviens qui gambadent dans la descente, sandales aux pieds…
Après 4 heures et au prix d’un effort impensable, on approche enfin du plateau, nos réserves d’eau sont épuisées (mais les sacs ne paraissent pas plus légers), à 3300m l’air semble se faire déjà rare rendant la progression toujours plus difficile. Reste alors à traverser les champs de culture, mais comme pour nous compliquer encore la tache, les campesinos choisissent cet instant précis pour ouvrir les vannes d’irrigation inondant les terrasses et les chemins, transformant les lieux en véritable labyrinthe !
C’est le dos en compote, le gosier sec et les jambes chancelantes qu’on atteint la place du village. On dévalise une vendeuse d’eau, et on grimpe dans le premier bus qui ne nous emmènera pas plus loin que Chivay, car complet jusqu’à Arequipa (no comment !). Ce soir-là, on verra de la pluie pour la première fois dans la région, et on se couchera exténué à 18h devant la télé. On rêvera de massage et de bains de pied, en jurant de mieux se préparer la prochaine fois, car mine de rien, la rando au Pérou, ce n’est pas comme aller cueillir des champignons…

À bord du Arequipa unlimited

Ce Jour-là, avec Michel, Chantal, Brice et Chloé, nous avions prévu de visiter un atelier d’alpaga, (qui fabrique des vêtements, pas des alpagas!), l’atelier était fermé à la visite, pas de chance, mais la boutique, elle était ouverte…
Je n’aurais jamais dû essayer ce châle rouge en bébé alpaga à 200 €, maintenant j’en rêve la nuit!
Il y avait également un mini-zoo, avec 2 alpagas, un guanaco belliqueux (qui nous a craché dessus!) et une magnifique vigogne esseulée…
Tout ça pour dire, que pour y aller, il était hors de question de payer 2 taxis, donc, nous nous sommes débrouillé pour tous rentrer dans un seul ( celui qui voulait bien!).