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La Guajira, terre Wayuu au bout du continent

On avait comme une grosse envie de langouste grillée.
Une dégustation, sous les palmiers d’une plage caribéenne, un cocktail à la main, c’était un sorte de fantasme profondément ancré. Voilà l’effet obtenu par le mélange des récits des amis voyageurs, avec une dosette d’imagination !

Casiers de pêche à la langouste

Casiers de pêche à la langouste

Nous venions de quitter les noix de coco du parc Tayrona pour prendre la direction de la région septentrionale du pays, et même du continent sud-américain tout entier dans la totalité de son ensemble. C’est l’eau à la bouche, la bave aux lèvres, la langue pendante, que nous nous sommes dirigés vers cette terre à moitié sauvage, territoire du peuple Wayuu, appelé la Guajira. D’après nos informateurs, cette péninsule était prometteuse de merveilles.

 

le vieux pick-up

le vieux pick-up

Voilà donc que nous nous sommes entassés à l’arrière d’un vieux camion pick-up converti en navette assurant le ravitaillement et le transport des locaux, les hommes comme les chèvres. Ici, le plein d’essence de contrebande s’effectue sur le bord de la route et aux yeux de tous, en jerrycans fraîchement livrés depuis le Venezuela tout proche.
Le temps de traverser la steppe par des pistes ensablées, nous découvrions Cabo de la Vela, un village de pêcheurs où s’enchainent les maisons en bois le long d’une plage, assurant par la même occasion l’accueil des quelques aventureux arrivés jusque là. C’est dans l’une d’elle que nous avons pris nos quartiers, notre chambre se résumant à une rangée de hamacs sous un toit de palme, avec le sable blanc en guise de plancher et la mer en panorama… j’en suis resté bouche bée, et je ne mentirais pas en affirmant que la bouche de mes compagnons en ait fait de même.

A cet instant, toute idée de langouste m’était sorti de l’esprit, me laissant le loisir d’apprécier le poisson grillé ou les diverses activités imposées : baignade, farniente, ramassage de coquillages, balade au coucher du soleil et ti-punch sous le ciel étoilé bercé par le bruit des vagues…

Cabo de la Vela, vue depuis la chambre...

Cabo de la Vela, vue depuis la chambre…

Arrivée à Punta Gallinas

Arrivée à Punta Gallinas

Malgré toute cette extase, nous ne perdions pas de vue notre objectif : atteindre Punta Gallinas, la pointe extrême, tant qu’à faire, allons jusqu’au bout des choses. Plus rares encore sont ceux qui osent ce détour. Nous l’avions voulu, nous l’avons eu, en comprenant qu’atteindre ce bout de terre se mérite : le trajet en barque face aux vagues et au vent, c’est comme si on t’envoyait des seaux d’eau de mer en pleine face durant 3 heures…
Mais au bout, après une courte pause sur une plage déserte pour se sécher au soleil, après avoir parcouru un chenal bordé de mangrove débouchant dans une baie somptueuse, nous mettions pied à terre dans un lieu sans nul pareil. La mer d’un côté, la baie turquoise de l’autre, parsemée de mangrove, des dunes de sable immenses et des étendues désertiques recouvertes de cactus entre les deux, des troupeaux de chèvres ou des ânes en liberté, l’ensemble baignant dans une paix sereine, à l’abri du tumulte touristique…

Punta Gallinas, la baie

Punta Gallinas, la baie

Nous nous sentions près du bout du monde, là, tout au nord, et sans le perdre, nous n’avons pas hésité une seconde en constatant le contenu de la pêche matinale. C’est en se léchant les babines que nous nous sommes attablés devant un plat de langoustes, tant espérées, et d’autant plus succulentes !

A la orden !

Langoustes, miam !

Langoustes, miam !

Mompox, c’est moite

Mompox est une petite ville coloniale située à 250 km au sud de Cartagena, dans les terres, ou plutôt sur un petit bout de terre – devrais-je dire – entouré par 2 cours d’eaux. On n’y accède qu’en barque, en traversant des bayous ou des marais grouillant de vie. A lui seul, le trajet vaudrait le détour.
D’ailleurs pour la petite anecdote, le trajet en bus jusqu’au port le plus proche nous a réservé quelques surprises : un contrôle de police obligeant la gente masculine à descendre pour une fouille au corps, les mains à plat sur la paroi… et plus tard une boite de vitesse qui lâche nous obligeant à poursuivre la route en 3ème (dur, dur pour les démarrages en côte), pour finir à pied avant de se décider pour un taxi 4×4…
Bref, c’est là que nous décidons de fêter la nouvelle année, et le cadre s’avère fabuleux ! La ville est splendide, avec ses maisons coloniales bien conservées, et ses ruelles tirées à angle droit (comme partout) ou se mêlent vélos, petits vendeurs et mototaxis.

Rapidement nous découvrons les restes d’une inondation provoquée par les récents déluges, et plus tard, des digues ceinturant la ville dont le niveau est en-dessous de celle de la rivière ! Et en observant la hauteur des trottoirs, on s’imagine sans peine que les habitants sont plutôt habituées à avoir les pieds dans l’eau… Le décor est absolument charmant, et d’ailleurs, sans surprise, l’endroit est classé au patrimoine mondial par l’UNESCO.
On s’habitue vite à l’ambiance apéro-bière-pizza sur la place de l’église où se masse la population locale à la tombée du jour. Et il n’y a pas qu’eux : la chaleur moite en fait un terrain idéal pour les moustiques, affamés, voraces, sanguinaires et sans pitié, auxquels nous feront office de buffet à volonté !
Les artisans locaux se sont spécialisés dans le rocking-chair, on en voit dans toutes les demeures (dont les portes et fenêtres restent ouvertes sur la rue) ! On passera notre tour pour le cadeau-souvenir, ce n’est pas idéal dans le sac à dos.
Le réveillon sera l’occasion de découvrir une autre coutume, plutôt répandue dans les villages colombiens : les familles confectionnent des poupées de taille humaine, bourrées de poudre et de paille, appelées « año viejo » et symbolisant l’année passée. Aux 12 coups de minuit, elles sont brûlées en pleine rue au milieu des feux d’artifice et des pétards ! L’ambiance est plutôt festive mais ça se calme rapidement, les gens préférant se retrouver en famille, et faisant la tournée des maisons, chacune équipée de sonos les unes plus grandes que les autres, parfois plus hautes que nous ! C’est une distribution de décibels à qui en veut ! Et personne n’en veut… les locaux restent paisiblement assis en cercle sur leur rocking-chair en pleine rue, dans le tintamare provenant de toute part ! Le spectacle est surprenant, mais ne nous retiendra pas toute la nuit.

C’est lors de ce petit séjour que nous apprenons la venue de Julien, un ami de Bast et Ju, qui sur un coup de tête, a décidé de s’octroyer 15 jours de vacances avec nous sur la côte Caraïbe. Rendez-vous est pris à Santa Marta, que nous devons rejoindre dés le 1er janvier. Mais oh surprise, il n’y a pas de transport prévu ce jour-là. Heureusement, nos adorables hôtes s’organisent pour nous trouver un chauffeur, et nous voilà partis en voiture particulière !

Le quatuor de Medellin

Il ne nous aura fallu pas moins de 48 heures pour rallier Medellín depuis Arequipa : un bus de nuit, un après-midi à Lima (très pratique pour les derniers achats de Noël), 2 heures d’avion, une nuit dans l’aéroport de Guayaquil (Equateur), 2 autres heures d’avion, un taxi à Bogota, 10 heures de bus, un autre taxi et nous voilà enfin dans un bar de Medellín, une bière (colombienne) fraiche bien méritée à la main, arrosant nos retrouvailles avec Bast et Ju !!

Illuminations de Medellin

Illuminations de Medellin

Medellín, c’est la deuxième plus grande ville de Colombie, connue pour son Cartel, démantelé depuis la mort en 1993 de son illustre leader, Pablo Escobar. Heureusement, la ville a quantité d’autres attraits. C’est d’ailleurs une destination parfaite pour Noël, puisque c’est la période de son grand festival de lumières (qui n’a pas grand chose à envier à celui de Lyon) !! D’immenses installations se succèdent le long et même au-dessus du fleuve, et ça attire des foules ! Touristes, familles, jeunes et moins jeunes de toutes parts se promènent sur la berge où règne une ambiance de fête foraine bonne enfant.

Medellin centre et son métro aérien

Medellin centre et son métro aérien

Sur les hauteurs de Medellin

Sur les hauteurs de Medellin

La ville est plutôt agréable, la municipalité fait des efforts pour son développement : elle est équipée depuis peu d’un métro aérien moderne, et même de plusieurs téléphériques qui permettent d’atteindre les quartiers pauvres sur les flancs et hauteurs de la ville. Mag en profitera pour faire son baptême de téléphérique, ce qui nous permettra, à l’occasion d’une ballade au parc Arvi, de voir à quel point les mal lotis sont effectivement mal lotis, et de constater une fois de plus, sur le continent, le fossé qui sépare les pauvres des plus aisés.

Medellin centre, sculpture de Botero

Medellin centre, sculpture de Botero

On ne retiendra pas le centre ville pour ses rares vestiges coloniaux et ses rues grouillant d’une foule assez dense, mais plutôt pour ses grandes sculptures en bronze qui ornent la place principale; 23 oeuvres offertes par l’artiste Fernando Botero natif de la ville, que l’on découvrira lors de la visite du musée d’Antioquia dont une partie lui est dédiée. Pour les amateurs de fleurs, la ville possède aussi un superbe jardin botanique avec une vaste collection d’orchidées.

Et puis Medellín, c’est là où nous fêtons Noël avec Bast et Ju ! Nous passons tout l’après-midi dans la cuisine de l’hostal à élaborer un festin aux petits oignons : le traditionnel champagne de l’apéro laisse la place à des mojitos frais, roulés de saumon fumé à la ceviche de saumon frais aux baies roses en hors d’œuvre, suivi d’un gratin dauphinois gargantuesque accompagné de ses papillotes de poisson et sa sauce au rhum et beurre blanc, et finissons sur un somptueux crumble de mangue glace vanille ! Un petit shit-head et quleques skypes plus tard, nous procédons méticuleusement aux traditionnels déchirages de papier cadeau et clôturons notre veillée sur un bon petit café colombien, un des meilleurs – sinon le meilleur – au monde (et offert à volonté à l’hôtel).

Festin de Noël

Festin de Noël

Enfin, c’est aussi notre première destination dans le pays qui souffre d’une bien mauvaise image, alors qu’il mérite vraiment d´être connu et visité ! Bénéficiant d’un climat tropical, les paysages verdoyants sont superbes ! Les colombiens, épargnés par le tourisme de masse, sont des gens adorables, souriants et au contact chaleureux ! Comme on dit ici : « en Colombie, le risque c’est de vouloir y rester ».