Sélectionner une page

Votez Machu Picchu

Le Machu Picchu, la cité perdue et oubliée, petit bijou de l’empire Inca, grande fierté des péruviens, est aujourd’hui la principale destination touristique du pays, voire d’Amérique du Sud. Tous les jours, 2500 visiteurs (mais pas un de plus) se ruent sur ce site parfaitement entretenu, l’appareil photo prêt pour la mitraille !
Situé en limite entre la cordillère et la jungle amazonienne, l’endroit est entouré d’une végétation dense sur des reliefs escarpés, ce qui donne à l’ensemble un caractère spectaculaire !

Patrimoine mondial de l’UNESCO bien-sûr, désigné comme une des 7 nouvelles merveilles du monde en 2007, ce lieu chargé d’histoire et de mystère est un passage obligé, et nous ne pouvions pas passer à côté sans nous y rendre ! C’est d’ailleurs, comme pour la plupart, le point d’orgue de notre périple avec Alvi !

Pour s’y rendre, il n’y a guère de choix : depuis Ollantaytambo, il faut prendre le train jusqu’à Aguas Calientes, petite ville située juste au pied de la montagne qui doit son existence à l’activité touristique, soit disant qu’aucune route n’y conduit… bien-sûr, la compagnie ferroviaire en profite pour s’en mettre plein les fouilles. Il y a bien d’autres possibilités, plus sportives, impliquant des treks de plusieurs jours à haute altitude… ce ne sera pas pour nous, ou alors, une autre fois.

Nous voilà donc d’attaque avant même l’aube du jour, attendant le premier train puant le diesel, parés à toute éventualité météorologique ! Il y a toujours des risques de pluies ici, et en cette saison plus que toute autre. On en connait qui, lors de leur passage, ont dû évacuer leur tente en pleine nuit…
On lutte contre le sommeil pour profiter du paysage, longeant la rivière Urubamba tumultueuse. Un petit-déj rapide à Aguas Calientes et on s’arme de courage pour attaquer le sentier pédestre qui nous conduit au sommet, tandis que d’autres préféreront le confort d’un bus. On a de la chance, il fait beau. Mais on n’a pas de chance, il fait trop beau ! Le soleil commence à cogner, la grimpette nous fait suer à grosses gouttes ! Mais l’effort nous donne le sentiment de mériter le spectacle qui nous attend.
Car une fois arrivé sur le site, la magie opère tout de suite, c’est grandiose, sublime, on en reste bouche bée tellement c’est beau, et on se sent petit face à cette oeuvre tellement imposante, dans ce panorama somptueux baigné de sa brume matinale. On peine à imaginer les efforts, le courage et la volonté nécessaires pour construire cette citadelle, dans un lieu aussi insolite, toute en pierres parfaitement taillées et ajustées, comme les Incas en avaient le secret, et sans outils en fer, je rappelle !
On ne perd pas de temps pour entreprendre les séances photos, les lieux commencent déjà à se remplir de monde. On débusque un guide maîtrisant son sujet, mais pas le français, Elvi fera donc la traductrice en direct « live » pour que chacun en profite.

A la fin de la visite, une promenade agréable et instructive, ponctuée de quelques averses qui n’enlèveront rien au charme des lieux, on entreprend une autre petite grimpette qui nous conduira à la porte du soleil (par où arrive le chemin de l’Inca), histoire d’avoir une vue dominant le site. Rapidement, l’horizon se bouche d’épais nuages, et les seaux d’eau ne se font pas attendre ! On arrive trempé, on ne profite absolument pas de la vue, et on se contente d’un abris de fortune sous quelques branchages dans les hauteurs, le temps que passe l’orage. Une clope et quelques singeries plus tard, on prend le chemin en sens inverse, profitant d’une accalmie toute relative, car on se mouille toujours !

Après une journée bien remplie à en prendre plein les mirettes, le retour se fera tranquillement, sous le coup de la fatigue. Il fait nuit à nouveau quand nous redescendons du train, des étoiles plein les yeux et l’esprit voguant à loisir dans l’univers des mystérieuses citées d’or…

La triangulaire : Tambomachay, Puka Pukara et Q’enko

Si vous en avez marre des vieilles pierres taillées, je compatis car vous n’avez pas fini d’en voir… Après tout, c’était une véritable spécialité des Incas, et c’est à peu près tout ce qu’ils ont laissé comme héritage. Par contre, si vous êtes fans, vous allez encore vous régaler !

Avant d’arriver aux zig-zags de Sacsayhuaman, une promenade nous fait passer par 3 autres sites archéologiques :

Tambomachay

Avec ses fontaines, ses canalisations et ses bassins, ce lieu est surnommé le « bain de l’Inca ». On pense que c’était un lieu de culte où l’on vénérait l’eau, source de toute vie. Mais ça aurait pu tout aussi bien servir de salle de bain à l’Inca qui venait simplement y faire ses ablutions… d’où le surnom.

Puka Pukara

Située juste à côté de Tambomachay, cette ancienne forteresse, ou ce qu’il en reste, aurait servi de poste de contrôle, d’entrepôt ou de lieu de repos pour les voyageurs, ou encore, un peu de tout ça à la fois (explication très pratique qui met tout le monde d’accord). On y découvre encore une fois des assemblages de pierres assez improbables, ainsi qu’une vue spectaculaire sur la vallée en contre-bas.

Q’enko

Ce lieu assez insolite est constitué d’un immense bloc de calcaire taillé. Petits escaliers, couloirs et tunnels en zig-zag conduisent à un sanctuaire aménagé dessous où l’on découvre ce qui pourrait bien être un autel sacrificiel… une sorte d’immense monolithe trône sur une esplanade, on nous a expliqué que son ombre représenterait un puma, mais on n’a pas eu de soleil pour le vérifier…

On a trouvé Roswell Jacob

S’il y a énormément de sites archéologiques dans la région de Cuzco, on ne s’est pas contenté de ça, et on ne s’est pas privé pour arrêter notre bolide en cas d’envie (et en cas de grosse envie aussi).

Les condors au repos

Les condors au repos

Ainsi, sur la route rejoignant Pisac (vous vous souvenez, le mini Machu…), un perroquet perché sur le bord de la route a attiré notre attention. Comme on s’agglutinait contre la muraille pour prendre des clichés, le propriétaire des lieux, nous a ouvert les portes de son refuge ! Un refuge pour animaux en fait, abandonnés, maltraités, blessés, de contrebande, etc… on y a découvert des chats andins (en voie de disparition), des pumas, des sortes de lémuriens, des oiseaux dont je ne me souviens pas le nom, mais surtout une volière immense hébergeant 3 condors majestueux qu’ils ont fait voler en rase-motte au-dessus de nos têtes ! Un moment privilégié qu’on oubliera pas, d’ailleurs on s’est promis de retourner les voir à la première occasion !

 

Cuy roti, c'est par ici !

Cuy roti, c’est par ici !

La ville de Pisac, c’est aussi un immense marché d’artisanat, du genre à faire le bonheur d’Elvi et Françoise. Céramiques, tissage, peintures, il y a à peu près de tout ce qui se fait à la main sur les étals de la place centrale, organisés autour d’un arbre immense. La promenade est plaisante, on flâne, on discute avec les vendeurs – les prix surtout – et certains vident leur porte-monnaie…

Autre particularité des lieux : on y élève le cuy dans de véritables petits châteaux ! Particularité des-dits châteaux : ils sont adossés aux fours qui feront office de crématoriums aux châtelains ! Ambiance…

Dans le petit village de Chinchero, perché à près de 3500m d’altitude, on trouve un autre marché d’artisanat très coloré. Il attire bien quelques touristes mais il demeure un peu plus typique, voire plus sauvage, les innombrables étoffes s’étalant sur des bâches à même le sol.

Les étals

Les étals

Les dames en tenue traditionnelle pour la plupart, poursuivent leur production sur place, broderies, tissage ou autre, tout en hélant le touriste curieux : « comprame, por favooooor ! » entend-on un peu partout sur notre passage, ce que l’on traduirait par « achète chez moi, s’il te plaiiiiit ! »

On est encore reparti de là les bras chargés…

 

Les bassins de sel

Les bassins de sel

Du côté de Maras, on trouve une gigantesque exploitation de sel remontant à l’époque Inca ! Malgré cette ancienneté, le système resté en l’état, est toujours exploité aujourd’hui. Une source d’eau souterraine dépourvue de la moindre impureté et naturellement très salée vient alimenter quelques milliers de bassins étagés en terrasse (je dirais à peu près 4000, comme ça à vue de nez…), par un ingénieux réseau de canaux de distribution. L’écoulement de l’eau est parfaitement contrôlé, chaque parcelle se trouvant ainsi approvisionnée.

L’ensemble produit un décor assez stupéfiant, accroché au flanc d’une colline descendant dans une vallée de la cordillère des Andes, je vous laisse admirer.

On ne manquera pas non plus de se procurer un pochon de cet or blanc, dont on n’aura cesse de nous vanter les vertus thérapeutiques… je ne me sens pas pousser des ailes non plus, mais faut dire que je n’en prends pas à tous les repas…

Entre autres curiosités, nous nous sommes rendus à Sicuani, petite ville sans intérêt apparent, si ce n’est que non loin se trouvent des bassins d’eau naturellement chaude (40°C tout de même !). Les installations sont plutôt précaires, avec des petits geysers affleurant à même les pelouses. Les vestiaires sentant l’urine et les bassins en béton brut n’ont rien de très avenant, mais par contre quel régal d’y faire trempette à la tombée du jour, au milieu des montagnes aux sommets enneigés !

Un crâne d'ET !

Un crâne d’ET !

Andahuaylillas, bourgade charmante, est connu pour son église du XVIème siècle, surnommée la Chapelle Sixtine des Andes. Le plafond en bois et les façades intérieures sont entièrement peints, d’où le surnom, vous l’aurez compris. Malheureusement, à notre passage, l’ensemble était en pleine restauration et les photos interdites…
Autre curiosité, le petite musée pas loin est l’initiative privée d’un farfelu, qui expose des crânes déformés. On nous y explique comment l’un d’eux serait les restes d’un extra-terrestre ! Avouons que la ressemblance avec l’ami Roswell Jacob est flagrante (comprendra qui pourra…)

Sacrée vallée !

On fait une pause dans les photos de ruines et de vieilles pierres, mais on sait que vous aimez beaucoup les leçons d’histoire, donc on y reviendra vite !

Voici un pêle-mêle de tout ce que nous avons vu dans les environs de Cusco et la vallée sacrée, vous y trouverez entre autre :

  • le marché artisanal de Pisac et ses élevages de cuy dans des petits châteaux
  • un refuge pour animaux et ses condors majestueux
  • le marché artisanal de Chinchero haut en couleurs
  • les bassins salins en terrasses de Maras
  • des taureaux sur les toits des maisons !
  • les bains d’eau chaude de Sicuani

et plein d’autres petites choses…

Les incas pour les nuls

Les Incas sont appelés ainsi parce qu’ils parlent Quechua, élèvent des alpagas, mâchent de la coca, adorent le dieu Inti, et ont permis aux Péruviens de boire de l’Inca-Kola.
Il s’agirait de ne pas confondre le peuple avec son empereur, nommé lui aussi Inca. C’est son titre, et en réalité, lui seul devrait porter ce nom. Il serait plus juste de parler de peuple Quechua, même s’ils n’ont pas créé le sac à dos ou la tente du même nom. Cependant, « Quechua-Kola », ça sonne beaucoup moins bien.

La naissance d’un peuple

Cusco, lithographie espagnole

Cusco, lithographie espagnole

Les Incas… pardon, les Quechuas… n’avaient pas de chevaux, pas d’outils en fer et n’avaient pas encore inventé la roue. En revanche, ils avaient sans doute inventé l’eau chaude, même si aujourd’hui encore, il n’y en a pas partout au Pérou. Ils n’écrivaient pas non plus de livres. C’est donc une légende qui raconte l’origine de ce peuple :
Le couple originel a été sorti des eaux du lac Titicaca par les dieux Viracocha, dieu créateur, et Inti, dieu du soleil. Ces deux premiers Incas ont lancé un bâton en or et fondé leur capitale à l’endroit où il est retombé, à Cuzco donc, « le nombril du monde » – ce qui représente un lancé d’environ 300 km, comme quoi, ils étaient prédisposés à réaliser de grandes choses.

Statue de Pachacutec

Statue de Pachacutec

Grands guerriers, de taille néanmoins modeste, ils s’imposèrent progressivement auprès des tribus voisines, dont la quinoa était plus appétissante. C’est après quelques siècles d’échauffourées, par un beau jour ensoleillé de l’an 1438, que l’empire Inca prit le pouvoir sous les ordres de l’Inca Pachacutec, 9ème de la dynastie, en anéantissant les derniers récalcitrants de la région. Cherchant à battre l’or tant qu’il était chaud, celui-ci poursuivit son expansion sur les hauts plateaux andins et jusqu’en Équateur dans le nord, ce qui fait, après calcul, un très long trek même équipé en Quechua !
La stratégie était d’une simplicité enfantine : fin diplomate, il proposait l’annexion à ses voisins, argumentant de manière très convaincante, sous la menace de ses forces armées. En cas de refus, évidemment, l’intervention militaire réglait le débat de manière radicale. Ainsi, l’expansion du territoire tout azimut prit des proportions phénoménales.

L’apogée d’un empire expansionniste

Au terme de sa campagne, du style napoléonien, Pachacutec avait conquis un vaste empire, Tahuantinsuyu comme on l’appelait, qui s’étendait dans les 4 directions depuis la capitale Cusco, le divisant tout logiquement en 4 secteurs : Chinchasuyu, Collasuyu, Contisuyu, Antisuyu (Nord, Sud, Ouest, Est).
Constitué d’une multitude de peuples querelleurs, il était maîtrisé par une présence militaire dissuasive et géré par une bureaucratie efficace – si tant est que ça puisse exister. Sans la paperasse, toutefois, ça reste plausible…

  • Une comptabilité rigoureuse était tout de même tenue, grâce aux Quipus, système de cordelettes à nœuds, indéchiffrables par le non-initié.
  • Les populations étaient délocalisées, calmant toute envie de rébellion, et remplacées par des colons, histoire d’imposer partout la culture inca : langue unique et culte du dieu Inti.
  • Le travail s’effectuait au service de la communauté, et le produit des récoltes redistribué aux populations. Comme quoi, Karl Marx n’a rien inventé…
  • Périodiquement, le gouvernement inca faisait la réquisition de la main d’œuvre afin de réaliser de grands travaux, remplaçant à son avantage toute forme d’impôt ou d’esclavage.
Cultures en terrasse

Cultures en terrasse

On doit ainsi à Pachacutec la construction d’une capitale imposante (dont le plan représenterait une forme de puma), des monuments importants comme le temple de Qoricancha ou encore la célèbre citadelle de Machu Picchu. Il fit construire un énorme réseau de routes, le Qhapac Nan ou « grand chemin » (connu aujourd’hui sous le nom de chemin de l’Inca), afin de communiquer rapidement avec ses provinces. Il développa les cultures en terrasse et ordonna des études d’agronomie afin d’optimiser la production agricole jusque dans les vallées les plus encaissées.

L’arrivée des conquistadors et le déclin de l’empire

Les Incas suivants poursuivirent l’œuvre de Pachacutec si bien que lorsque les premiers espagnols pointèrent leur nez en 1527, Huyna Capac était au pouvoir d’un empire qui s’étendait de la Colombie jusqu’à Santiago au Chili, recouvrant l’Equateur, le Pérou bien-sûr, la Bolivie et une partie du nord de l’Argentine (à l’époque, Le chemin de l’Inca représentait un réseau de 5000 km de routes pavées).
Comme tout un chacun, il mourut, par un jour funeste de la même année. Grande nouveauté cependant, il succomba à une maladie alors inconnue, venue d’Europe. Il laissa un empire en proie à une guerre civile, ses fils Huascar et Atahualpa, tout 2 prétendant au trône, se partageant le territoire.

Inca Atahualpa

Inca Atahualpa

Quand Francisco Pizarro débarqua en 1532, avec son armée de 180 hommes hirsutes et déguenillés, Huascar avait été fait prisonnier par son frère rival. Fort de son armée de plusieurs dizaines de milliers de guerriers aguerris, Atahualpa n’y vit aucune menace, les prenant même pour des dieux, le retour de Viracocha ayant été prédit. Une entrevue fut organisée entre Atahualpa et Pizarro, accompagné du prêtre Vicente Valverde. L’anecdote raconte que le prêtre tendit la bible à l’Inca en lui disant : « tiens, je vais te faire entendre la parole de Dieu » et que celui-ci la portant à son oreille lui répondit « je n’entends rien » et la jeta à terre. Ce geste déchaina la fureur des espagnols qui décimèrent l’armée Inca et firent prisonnier leur empereur. Une rançon fut exigée contre sa libération : autant d’or et d’argent que put contenir sa cellule. Le royaume fut ainsi pillé de ses richesses (qui n’en était pas pour les Incas pour qui l’or n’avait qu’une valeur décorative) et l’Inca Atahualpa fut exécuté malgré tout, à Cajamarca.

 

Inca Tupac Amaru

Inca Tupac Amaru

Décontenancés et décimés par les maladies (rougeole, variole,…) les indiens n’offrirent pas grande résistance à l’invasion espagnole qui s’ensuivit. Pizarro attisa même les rébellions et s’empara de Cuzco dans l’année. Dans la foulée, il fonda une nouvelle capitale sur la côte (Lima aujourd’hui). Un Inca fantoche et docile fut mis en place par les conquérants, l’Inca Manco Capac II. Cependant, ulcéré par les exactions espagnoles, il se décida à mener la révolte depuis la cité d’Ollantaytambo où il se réfugia. Il faillit réussir, mais épuisé, il fut contraint au repli dans la jungle.
Sa descendance tenta une ultime résistance, en vain. Le dernier Inca, Tupac Amaru fut capturé et exécuté en 1572, mettant un point final à la dynastie Inca.